Publié le Jeudi 8 septembre 2022 à 20h00.

Consommation d’énergie : c’est comment qu’on freine ?

L’été 2022, avec son lot de fléaux (canicule, sécheresse, mégafeux, tornades, grêlons...), sonne le tocsin à la porte du gouvernement qui, comme les précédents, reste hermétique aux intérêts vitaux de la planète et de ses occupantEs, et à l’écoute de ceux qui possèdent les moyens de décider, de produire, de diriger nos vies. Les riches ont les cartes en mains, les gouvernants suivent docilement leur règle du jeu capitaliste.

Les réponses du gouvernement sont scandaleusement insuffisantes. Au « sursaut » réclamé par le Haut conseil pour le climat, Macron répond par une nouvelle méthode autoritaire comme lors de la crise sanitaire : le Conseil de défense sur l’énergie, qui n’a pour l’instant qu’exploré des pistes libérales.

Encore du bla-bla-bla

Macron qui semble découvrir les vertus de la sobriété, en utilise habilement le langage pour embrayer pied au plancher sur la responsabilisation individuelle et sur la culpabilisation style « l’opulence, c’est terminé ». Sans vergogne, il invoque l’effort national, comme si les responsabilités étaient partagées. Ainsi, il en appelle au sens civique et aux « petits gestes individuels », mais reste muet sur le mode de vie des plus riches (jets privés, golfs arrosés, yachts...) dont on sait parfaitement qu’il ruine la planète. Le patrimoine financier des 63 milliardaires français émet autant de gaz à effet de serre que celui de 50 % de la population.

Macron propose de baisser de 10 % la consommation énergétique en deux ans, de 40 % d’ici 2050, sans dire comment. Vu les moyens mis en œuvre, même ces objectifs — insuffisants — ne seront pas atteints. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a eu une idée lumineuse : éteindre les enseignes publicitaires et commerciales. Merci, la loi existe depuis juillet 2018 et n’est pas respectée.

Les propositions concrètes sont ailleurs

Ces gens-là ne sont pas sérieux ! Qu’ils laissent la place, et qu’ils laissent agir celles et ceux qui ont des propositions transitoires concrètes :

– Rénover et isoler 700 000 logements/an. Le logement représente 50 % de la dépense énergétique.

– Limiter l’artificialisation des sols, suspendre tous les projets routiers.

– Développer le ferroviaire et le fluvial pour le transport des marchandises.

– Multiplier les transports en commun, rendre gratuits ceux du quotidien pour aller se soigner, faire les courses, étudier, travailler, se cultiver… En Allemagne le ticket de train à 9 euros a permis d’économiser 1,8 million de tonnes de CO2. En Espagne certaines lignes de train sont gratuites jusqu’à la fin de l’année. L’expérimentation de la gratuité des bus dans une trentaine de villes et agglos en France aide à se passer de la voiture.

– Changer de modèle agricole, développer les cultures moins gourmandes en eau, privilégier l’agriculture écologique afin de se passer à court terme des ­pesticides et engrais chimiques...

– Supprimer certaines productions ­inutiles (armement, nucléaire, publicité).

– En finir avec l’obsolescence programmée des appareils, pourvoir aux réparations.

– Préserver la ressource en eau en rendant gratuits les premiers m3, voir quelles sont les consommations de luxe à interdire (arrosage des greens des golfs en période de sécheresse).

– Arrêter le nucléaire, dangereux, incapable d’assurer une production électrique suffisante, qui utilise de grandes quantités d’eau...

La liste des mesures de transition à prendre pour passer d’une économie basée sur l’exploitation intense des ressources du sous-sol (gaz, pétrole, eau, charbon…), mise en cause dans le basculement du climat, est connue. Alors Macron, remballe tes mesurettes et ta poudre aux yeux, on ne va compter que sur nous-mêmes pour sauver le climat et nos vies.