Publié le Mercredi 5 octobre 2022 à 20h00.

PSA/Stellantis : une prime de 1000 euros concédée… mais la colère est toujours là

Plus de 4300 salariéEs de PSA/Stellantis ont débrayé mercredi 28 septembre pour revendiquer des vraies augmentations de salaires et dire que la prime de 1000 euros, proposée par la direction la veille, ce n’est pas assez.

Il y a eu pas moins de 1300 grévistes à Mulhouse, 1100 à Sochaux, 460 à Valenciennes, 350 à Douvrin, 340 à Caen, 280 à Borny, 270 à Rennes, des dizaines à Poissy, Sept-Fons, Vesoul… et encore 700 à PSA Charleville le 29 septembre. Dans certains sites, il n’y avait jamais eu de grève. C’est la plus grande vague de débrayage à PSA depuis 33 ans… Et à l’époque, en 1989, elle ne s’était pas étendue au-delà des usines de Sochaux et Mulhouse.

Malgré la prime, la mobilisation continue de plus belle !

Suite à la mobilisation qui avait débuté vendredi 16 septembre à PSA Hordain (Sevelnord) – trois jours avec 500 grévistes –, la direction a donc concédé mardi 27 septembre une « prime de partage de la valeur ajoutée » : 1000 euros pour les CDI et CDD. Pour les intérimaires présents depuis octobre 2021, 83 euros par mois travaillés (soit 1000 euros pour un an).

Réaction d’une ouvrière de PSA Sochaux : « J’en pense que l’on nous prend pour des collaborateurs lorsqu’il s’agit de créer les richesses ! Et pour des clochards lorsqu’il s’agit de les partager ! » Le jour de l’annonce, la mobilisation a continué de s’étendre sur toutes les usines… Avec parfois le soutien de syndicats pro-patronaux. Elle a gagné les sites de PSA Rennes (230 grévistes) où la production a été paralysée pendant trois heures, et continué à PSA Valenciennes (180 grévistes), Mulhouse (100 grévistes), PSA Metz-Borny, Poissy et PSA Vesoul le lendemain. De quoi faire enrager la direction de PSA.

Mais les ouvriers ne se contenteront pas d’une prime, ce qu’ils veulent c’est une réelle augmentation de salaire. Beaucoup reprennent les revendications des grévistes de PSA Hordain : 400 euros d’augmentation de salaire pour tous et 6000 euros de prime !

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Stellantis Mulhouse: la provocation de la direction fait exploser la colère

Sur le site de Stellantis Mulhouse, cela faisait déjà plusieurs semaines que les problèmes de pouvoir d’achat dus à l’augmentation continue des prix étaient dans toutes les têtes. Après l’annonce des 8 milliards de bénéfices pour les six premiers mois de 2022, les salariéEs étaient en attente de la prime PEPA (la « prime Macron » instaurée pour éteindre l’incendie des Gilets jaunes en 2018), mais également d’une véritable augmentation de salaires. Le démarrage du mouvement sur le site d’Hordain a encore amplifié les attentes.

La CGT, depuis la rentrée, avait également démarré une campagne salaires, par voie de tracts et de réunions, notamment en logistique et au montage. Lors de ces prises de parole, on voyait bien que l’attention des salariéEs était grande, à noter que même les chefs ne faisaient rien pour empêcher les délégués de s’exprimer.

Les débrayages successifs sur le groupe ont contraint la direction à annoncer une réunion le 27 septembre pour rediscuter de la prime.

Le matin du 27 septembre, une centaine de salariéEs, dont la moitié d’intérimaires, se sont réunis à la cafétéria du montage à l’appel de la CGT pour connaître le résultat de la négociation. L’annonce des 1000 euros de prime pour les embauchéEs et bien moins pour les intérimaires a été ressentie comme une véritable provocation.

Dans l’après-midi, une cinquantaine de travailleurEs du ferrage ont décidé de débrayer, rejoints rapidement par une vingtaine du montage, puis une vingtaine de forge et fonderie pour faire le tour des ateliers.

Pour ne pas laisser l’initiative à la CGT, le syndicat FO qui n’a pas appelé à la grève depuis… 1989 (!) et la CFDT appelaient à la grève avec la CGT pour le lendemain.

Mercredi 28, sur trois tournées, près de 1300 salariéEs ont débrayé pendant plusieurs heures, ce qui ne s’était pas vu depuis plusieurs années. Bien sûr, ce succès est dû en grande partie à l’appel intersyndical. Dans certains secteurs, touTEs les embauchéEs ont rejoint la grève, ouvriers professionnels compris. Les chaînes étaient quasi à l’arrêt avec une voiture toutes les 10 minutes. Les salariéEs ont défilé aux cris de «  Les prix ont explosé, nos salaires sont bloqués, ça ne peut plus durer, ça va péter ! »

Pour la suite, le syndicat FO semble ne plus vouloir appeler, la CFDT dit consulter sa base. Les militantEs de la CGT essaieront dans les jours qui viennent de continuer la mobilisation. Le ressenti actuel des salariéEs est que ce gros coup de semonce va porter ses fruits, mais pour gagner une vraie augmentation de salaire, il faudra remettre ça, et bien plus, à l’échelle du groupe.

 

Correspondant Mulhouse