Publié le Mercredi 9 juin 2021 à 12h56.

Canada : à propos de la découverte des corps de 215 enfants autochtones

Une vague de consternation s’est soulevée au Canada et dans les provinces depuis la découverte des corps de 215 enfants autochtones. Ceux-ci ont été retrouvés dans une fosse commune sur le site d’un ancien pensionnat autochtone à Kamloops, en Colombie-Britannique. Cet établissement, géré par l’Église catholique, était autrefois la plus grande école du système des pensionnats autochtones du Canada, jusqu’à sa fermeture en 1969.

Ces pensionnats ont été mis en place pour éradiquer la culture autochtone : environ 150 000 enfants autochtones ont été séparés de leurs familles et ont été amenés contre leur gré dans ces pensionnats à travers le Canada. Le but étant de « tuer l’Indien dans l’enfant » et d’effacer toute trace de leurs traditions autochtones, les méthodes d’assimilation étaient accompagnées de mauvais traitements, de malnutrition et d’abus physiques, psychologiques et sexuels documentés par la Commission de vérité et réconciliation. Les survivantEs de ce pensionnat ont dénoncé plusieurs abus, dont le recours à des chaises électriques, des menottes pour enfants, et plusieurs autres instruments consacrés à la douleur.

Pas seulement un génocide culturel

La Commission de vérité et réconciliation s’est penchée sur la situation des pensionnats autochtones au Canada : 94 appels à l’action et des recommandations visant à favoriser la réconciliation avec les peuples autochtones en sont ressorties. À la suite de la sortie de son rapport, la commission a qualifié les pensionnats d’outil central d’un génocide culturel des Autochtones. Il est temps que le Canada admette, comme le reconnaît le rapport de l’ENFFADA [Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées], que les peuples autochtones ont été victimes non pas seulement de génocide culturel, mais de génocide au sens du droit international des droits humains.
La découverte de ces corps annoncée la semaine dernière est totalement choquante, mais pas surprenante, compte tenu de tous les événements perturbants vécus dans le passé. Cela nous force à croire que la recherche de la vérité des familles et des proches des pensionnaires est loin d’être atteinte et terminée. […]

Ces enfants retrouvés morts n’ont jamais été documentés par le pensionnat. De ce fait, une enquête est en cours afin de tenter d’identifier leurs identités et leurs familles. Femmes autochtones du Québec espère que cette dite enquête puisse également permettre d’enterrer dignement chaque enfant retrouvé mort afin de leur rendre un hommage de juste valeur.

Le Projet de loi 79 (loi autorisant la communication de renseignements personnels aux familles d’enfants autochtones disparus ou décédés à la suite d’une admission en établissement) du gouvernement du Québec est présentement à l’étude détaillée en commission parlementaire. Il vise à soutenir les familles d’enfants autochtones disparus ou assassinés dans leurs recherches de renseignements sur les circonstances entourant la disparition ou le décès de leurs enfants après leur admission en établissement. Dans son mémoire présenté devant la commission, nous avons demandé à ce qu’une commission d’enquête indépendante soit mise sur pied afin d’assurer l’indépendance des recherches. Jusqu’à présent, les travaux parlementaires ne semblent pas aller dans cette direction.

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