Publié le Mercredi 9 juin 2021 à 16h48.

Guyane : la gestion coloniale de l’épidémie continue, au profit de LREM

Dans l’ensemble du territoire français, l’état d’urgence a été levé, sauf en Guyane. La question du maintien ou non des élections des 20 et 27 juin prochain est donc posée et démontre les intérêts de l’État sur le territoire et ce qu’il est capable de faire.

Alors que la Guyane est sous confinement depuis trois semaines, que le couvre-feu, mis en place depuis mars 2020, n’a jamais été supprimé depuis, que les GuyanaisEs sont confinéEs tous les dimanches depuis plus d’un mois, sous couvert du conseil scientifique de la Collectivité territoriale, le gouvernement français vient de décider de maintenir les élections à la CTG. Elles se tiendront les 20 et 27 juin prochains.

Une épidémie toujours très présente

Au niveau de l’épidémie, on observe une stabilisation à un niveau très élevé, entre 300 et 450 cas pour 10 000 habitantEs, avec des taux de positivité entre 10 et 20%, sachant que, depuis 10 jours, il y a une baisse du nombre de tests qui diminue artificiellement le nombre de cas en valeur absolue. D’ailleurs le taux de positivité des tests est plus élevé, preuve que l’épidémie ne recule pas.

Parallèlement, des hôpitaux sont saturés et il y a eu des évacuations sanitaires vers la Martinique ces dernières semaines. Pour officiellement 27 lits destinés au traitement du Covid (normalement il n’y a que 11 lits de réanimation pour tout le territoire en Guyane), il y a actuellement 40 lits occupés, dont 30 occupés par le Covid, ce qui est largement au-dessus des capacités. Cela a même nécessité la venue d’un renfort sanitaire de l’armée.

Le weekend dernier, il y a la plus forte mortalité depuis le début de la troisième vague, avec 5 décès en 48h. Sachant qu’un décès en Guyane est l’équivalent de 800 décès en France, car la population n’est que de 250 à 300000 habitantEs.

Pour les intérêts de LREM

Malgré cela, le pouvoir maintient les élections. Car le candidat sortant, Rodolphe Alexandre, soutient de LREM, est en difficulté. Son bilan est nul, il n’a pas de dynamique dans sa campagne face à un candidat soutenu par Guyane insoumise, la branche locale du parti de Mélenchon, qui est député actuellement. Il menace la position d’Alexandre. L’autre candidat, Jean-Paul Fereira, pour lequel le MDES fait campagne avec 5 autres partis de gauche (Parti Socialiste Guyanais, Walwari, le parti de Christiane Taubira, les Nouvelles Forces de Guyane et Guyane Ecologie), est maire d’une petite commune amérindienne du littoral, Awala Yalimapo. Ce n’est pas un professionnel de la politique. Il réalise une campagne très intéressante sur la probité et l’honnêteté en politique et la nécessité de nous diriger nous-même.

Sa campagne perce, ce qui inquiète les autorités. Le maintien des élections semble une absolue nécessité pour le candidat sortant pour s’assurer d’une absention importante, qui lui permettrait éventuellement de garder sa place. Toutes les élections qu’il a gagnées l’ont été sur fond d’une abstention record, avec à peine 10% du corps électoral qui a voté pour lui. Il tente à nouveau le même coup. Et probablement parce qu’il sent que c’est le moment où jamais pour lui pour gagner.

 

Cette décision est donc plus politique que sanitaire, on ne voit pas ce qui a pu dans une logique de santé publique, justifier le maintien des élections. Sachant que les municipales avaient été reportées, l’an dernier, dans des circonstances similaires, et avaient pu se dérouler en octobre dans une période creuse.