Publié le Vendredi 13 janvier 2023 à 18h00.

Israël : l’extrême droite au pouvoir

Le nouveau gouvernement de Benyamin Netanyahou est, selon la formule consacrée après chaque élection depuis plus de 20 ans, « le plus à droite de l’histoire d’Israël ». Une menace pour les PalestinienEs, mais aussi pour les militantEs et journalistes israéliens.

Une offensive concertée pour accélérer l’annexion de la Cisjordanie, dirigée par un colon messianique (Bezalel Smotrich) ; encore plus d’impunité pour les soldats israéliens qui agressent ou tuent des Palestiniens ; le refus de services médicaux aux personnes LGBT ; une Cour suprême malmenée ; un retour en politique pour les terroristes juifs précédemment interdits : toutes ces propositions politiques ont été discutées dans les médias israéliens au cours des dernières semaines, alors que la nouvelle coalition du Premier ministre Benyamin Netanyahou, issue d’intenses négociations et qui a prêté serment jeudi 29 décembre, se mettait en place.

La moitié des ministres ouvertement d’extrême droite

Suivant la trajectoire de ces dernières décennies, le nouveau gouvernement est le plus à droite du pays, à ce jour, donnant à Netanyahou un cabinet relativement homogène sur le plan idéologique, tout en accordant un pouvoir sans précédent à des personnalités extrémistes qui, jusqu’à récemment, étaient perçues comme destinées à rester en marge de la vie politique.

Il reste à voir quelle marge de manœuvre Netanyahou et le Likoud donneront à leurs partenaires de coalition pour mettre en œuvre leur vision fondamentaliste du pays. Mais la faiblesse du Premier ministre, de retour au gouvernement, face à la menace permanente de procès, ainsi que le pouvoir et les postes qu’il a déjà confiés aux membres du Parti sioniste religieux, d’Otzma Yehudit et de Noam, tous d’extrême droite, sont de mauvais augure. L’insistance de Benyamin Netanyahou auprès de la population sur le fait qu’il ne permettra pas aux extrémistes religieux de son gouvernement de se déchaîner — en se présentant, selon la tradition bien connue de l’extrême droite israélienne, comme un rempart contre ceux qui sont encore plus à droite — est démentie par la complaisance dont il a fait preuve tout au long des négociations de ces dernières semaines.

Menaces contre les militantEs

Avant même que la nouvelle coalition ne prête serment, le traitement déjà répressif de l’État d’Israël à l’égard des militantEs, des journalistes et des groupes de la société civile s’était déjà détérioré. Ces dernières semaines, des soldats ont agressé des militantEs de gauche en Cisjordanie tout en se félicitant du rôle que Ben Gvir [nouveau ministre de la Sécurité nationale] aura sur leur mission. Un journaliste a été arrêté pour provocation après avoir félicité un Palestinien de Cisjordanie d’avoir cherché à attaquer les forces de sécurité israéliennes plutôt que des civils. Et un député du Likoud a appelé à « emprisonner » le chef de Breaking the Silence [organisation israélienne de soldats et d’anciens soldats], Avner Gvaryahu.

La nouvelle coalition semble prête à criminaliser, persécuter et entraver davantage les acteurs des droits humains et civils, ainsi que les journalistes, des deux côtés de la Ligne verte. Bezalel Smotrich [du Parti sioniste religieux] a appelé à cibler davantage les groupes de défense des droits humains sur le plan « juridique et sécuritaire » — les qualifiant de « menace existentielle pour l’État d’Israël » — et des plans sont en cours pour taxer les dons des gouvernements étrangers aux ONG de gauche. Une initiative vieille de plusieurs années visant à criminaliser le fait de filmer des soldats israéliens en service est en train d’être réactualisée, tandis que le Likoud fait ressurgir les menaces de fermeture de la branche information du radiodiffuseur public israélien, que Netanyahou a déjà jugé trop à gauche.

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