Publié le Jeudi 1 décembre 2022 à 12h00.

Portugal : solidarité avec Mamadou Ba

Leader et porte-parole de l’association portugaise SOS Racismo, Mamadou Ba est une voix active dans le débat public sur les origines et les réalités du racisme et fait partie d’une génération de militantEs noirs qui analysent la responsabilité coloniale du pays et ses effets durables. Son exposition publique fait de lui une cible pour les organisations d’extrême droite et il est souvent menacé par celles-ci. Il a besoin de votre solidarité !

Mamadou Ba est un militant antiraciste d’origine sénégalaise qui vit et travaille depuis 25 ans au Portugal, dont il a obtenu la nationalité. Il suit actuellement un programme de doctorat dans une université nord-américaine. Leader et porte-parole de l’association portugaise SOS Racismo, Mamadou Ba est une voix active dans le débat public sur les origines et les réalités du racisme et fait partie d’une génération de militantEs noirs qui analysent la responsabilité coloniale du pays et ses effets durables. Ses prises de position publiques font de lui une cible pour les organisations d’extrême droite et il est souvent menacé par celles-ci. En raison de ces menaces, il a déjà dû vivre sous protection policière.

Que se passe-t-il ?

Le 27 octobre, le juge portugais Carlos Alexandre a rendu une décision pour donner suite à une plainte, pour diffamation et injure, contre le militant antiraciste Mamadou Ba, déposée par le néonazi Mário Machado. Cela signifie que Mamadou Ba sera traduit en justice pour répondre d’une prétendue diffamation et d’injures présumées à l’encontre de Mario Machado, néonazi et suprémaciste blanc.

En 2020, le néonazi Mário Machado a accusé Mamadou Ba de l’avoir traité d’« assassin » d’Alcindo Monteiro. Alcindo Monteiro était un jeune citoyen portugais noir, né au Cap-Vert, qui a été assassiné en 1995 par un groupe de skinheads néonazis. Mário Machado était l’un des membres du groupe qui a tué Alcindo Monteiro.

L’accusation du ministère public portugais, assumée par le juge Carlos Alexandre, qui a décidé de traduire le militant antiraciste en justice, pose la question suivante : « Une personne peut-elle porter l’anathème toute sa vie, en lui imputant la participation, à quelque titre que ce soit, à un meurtre, dont l’acte a déjà été présenté au tribunal et a fait l’objet d’un procès approfondi et fait l’objet d’une décision de la Cour suprême de justice, où elle est acquittée de ce crime spécifique, mais condamnée pour un autre ? Et appeler ça la liberté d’expression ? » Le juge déclare en outre, s’adressant à Mamadou Ba : « Ce que vous ne pouvez pas faire, c’est vous substituer aux tribunaux et invoquer le droit à la liberté d’expression. »

Le néonazi réclame une indemnisation pour préjudice moral.

Que pourrait-il arriver en cas de procès ?

Selon l’article 180 du code pénal portugais sur la diffamation (et les crimes contre l’honneur) : « Quiconque, s’adressant à un tiers, impute à une autre personne, même sous forme de soupçon, un fait, ou formule un jugement à son sujet, portant atteinte à son honneur ou à sa considération, ou reproduit une telle imputation ou un tel jugement, est puni d’une peine allant jusqu’à 6 mois ou d’une amende allant jusqu’à 240 jours. »

De même, l’article 181 du code pénal, insulte (des crimes contre l’honneur), stipule : « Quiconque aura insulté une autre personne, en lui imputant des faits, même sous forme de soupçon, ou en lui adressant des paroles, offensant son honneur ou sa considération, sera puni d’une peine d’emprisonnement de 3 mois au plus ou d’une amende de 120 jours au plus. »

Compte tenu de la jurisprudence portugaise, nous nous attendons à ce que le scénario de condamnation possible soit une amende.

Cependant, […] la probabilité que Mamadou soit condamné est plus grande que la probabilité qu’il soit acquitté. Cela représenterait une victoire morale et politique du fascisme sur la lutte antiraciste et la confirmation du parti pris raciste institutionnel de la justice portugaise.

Publié sur fourth.international.org

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