Publié le Dimanche 4 décembre 2022 à 12h00.

Questions sur l’Ukraine (1) : De l’annexion de la Crimée à la guerre dans le Donbass

Croire que la révolution sociale soit concevable sans insurrections des petites nations dans les colonies et en Europe, sans explosions révolutionnaires d’une partie de la petite bourgeoisie avec tous ses préjugés, sans mouvement des masses prolétariennes et semi-prolétariennes politiquement inconscientes contre le joug seigneurial, clérical, monarchique, national, etc., c’est répudier la révolution sociale. C’est s’imaginer qu’une armée prendra position en un lieu donné et dira « Nous sommes pour le socialisme », et qu’une autre, en un autre lieu, dira « Nous sommes pour l’impérialisme », et que ce sera alors la révolution sociale ! […] Quiconque attend une révolution sociale « pure » ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une véritable révolution.

Lénine, « Bilan d’une discussion sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes » (1916).

Le 30 septembre, Poutine a entériné l’annexion par la Russie des régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijia, suite aux référendums fantoches organisés entre le 23 et le 27 septembre, répétant ainsi le scénario qui avait déjà été testé en 2014 en Crimée et dans le Donbass. Ce coup de force intervient dans le contexte d’une contre-offensive majeure de l’armée ukrainienne dans les régions de Kharkiv et de Donetsk, et vise à justifier la « mobilisation partielle » annoncée le 21 septembre. Si ce nouvel épisode de l’« auto-détermination populaire » devrait par lui-même permettre d’éclairer rétrospectivement ce qui s’est passé en 2014, certaines voix à gauche s’élèvent encore pour accuser l’Ukraine d’avoir provoqué l’escalade militaire en cours. Ce texte revient sur les évènements de 2014-2022 pour répondre à un certain nombre de questions qui continuent à tirailler une partie de la gauche radicale et qui entravent sa solidarité avec la résistance populaire ukrainienne. Ces questions concernent le mouvement séparatiste et la guerre dans le Donbass, les accords de Minsk, la politique du gouvernement post-Maïdan, l’avancée de l’extrême droite et les perspectives pour la gauche en Ukraine.

Guerre civile ou guerre d’agression ?

Le 27 février 2014, quelques jours après la chute de Ianoukovytch suite à la révolution du Maïdan, un groupe de personnes armées prend le contrôle du Parlement et du Cabinet des Ministres en Crimée. Le lendemain, les « petits hommes verts », soldats revêtus d’uniformes militaires non marqués, investissent les aéroports de Sébastopol et de Simferopol, ainsi que d’autres lieux stratégiques de la presqu’île. Plus des deux tiers des troupes ukrainiennes stationnées en Crimée et 99 % du personnel des services de sécurité passent du côté de la Russie. À peine trois semaines plus tard, suite à un référendum organisé à la hâte, Poutine signe le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie.

En avril de la même année, dans l’Ukraine de l’Est, les forces séparatistes prennent le contrôle des bâtiments administratifs à Donetsk, Lougansk et Kharkiv, et lancent l’appel à l’organisation de référendums sur l’indépendance de ces régions. Si les autorités ukrainiennes reprennent vite le contrôle de Kharkiv, elles n’arrivent pas à récupérer les régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk, et la contre-révolution risque de s’étendre à d’autres villes du Sud-Est. Le gouvernement ukrainien répond à la création des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk (qui proclament leur indépendance au mois de mai) par le lancement d’une « opération anti-terroriste » (ATO) avec des combats qui vont durer jusqu’en février 2015, date de la signature de l’accord de Minsk II. Même si cet accord contribue à la diminution significative de l’intensité des combats, il connaît, comme on le sait, le même échec que le premier accord de septembre 2014. Avant l’invasion de février 2022, la guerre avait déjà fait plus de 13 000 morts et près de 2 millions de réfugiés.

Les questions les plus souvent posées en lien avec ces évènements concernent la nature du conflit dans le Donbass et l’inéluctabilité de son extension : s’agissait-il d’une guerre civile, d’une guerre d’agression russe contre l’Ukraine ou d’une guerre qu’on pourrait d’emblée caractériser d’inter-impérialiste ? La poursuite de la guerre dans le Donbass et l’invasion à grande échelle de l’Ukraine auraient-elles pu être évitées si les accords de Minsk avaient été effectivement appliqués ?

Si l’on cherche une réponse purement empirique à la première question, il n’y a aucun doute que la guerre dans le Donbass puisse être qualifiée de guerre civile, dans la mesure où une partie des habitants locaux participe effectivement d’abord aux manifestations Anti-Maïdan, et ensuite au mouvement séparatiste pro-russe. Le fait que les parties belligérantes puissent recevoir de l’aide extérieure ne change pas la validité de cette qualification : les guerres civiles impliquent en général, d’une manière ou d’une autre, des interventions extérieures. Or, dans le champ politique cette question dépasse vite la dimension d’une simple question empirique ou théorique et devient une question partisane, parce qu’il y va des responsabilités respectives, qui déterminent à leur tour les prises de position politiques à l’égard du conflit dans le Donbass. Poutine a ainsi toujours nié l’implication militaire de la Russie dans le Donbass. Le terme de « guerre civile » pour décrire ce qui s’y passe fait ainsi partie de l’arsenal idéologique de la propagande russe. Du côté de l’Ukraine et des institutions européennes, qui reconnaissent pourtant la participation des populations locales au mouvement séparatiste, le terme de « guerre civile » est au contraire banni. La guerre dans le Donbass est qualifiée dès 2014 (et officiellement depuis 2018) de « guerre d’agression russe » pour souligner non seulement l’implication militaire de la Russie dans une guerre civile déjà en cours, mais aussi et surtout son rôle déterminant dans le déclenchement de celle-ci. On ne nie pas que les populations locales aient rejoint les rangs des séparatistes, mais on les considère comme de simples marionnettes du Kremlin.

Le mouvement séparatiste : quelle implication de la Russie ?

En réalité, il faut reconnaître que les deux dimensions sont bien présentes, et la question doit plutôt porter sur le rapport entre les deux dimensions du conflit. Il est certain que le mouvement séparatiste n’aurait pas réussi à s’implanter sans un minimum de soutien des populations locales, ou plutôt sans le manque de soutien au pouvoir post-Maïdan et à l’opération de libération du Donbass lancée par le gouvernement ukrainien au printemps 2014. Il n’y a pas de sondages d’opinion fiables concernant les territoires sous contrôle séparatiste. Mais il faut rappeler que dans ces territoires, le Parti des Régions et son leader Ianoukovytch, lui-même originaire de Donetsk, ont recueilli plus de 80 % des voix au second tour de l’élection présidentielle de 2010. Une grande partie de la population, majoritairement russophone, se conçoit comme « russe ethnique », partage des sentiments nostalgiques de l’URSS – aussi bien dans ces aspects socio-économiques positifs que dans ces aspects socialement et politiquement conservateurs – et la région entière dépend sur le plan économique des liens avec la Russie.

Les évènements de 2014 peuvent ainsi être compris comme l’aboutissement d’un processus où, pendant la décennie précédente, les clivages identitaires et économiques réels ont été investis et instrumentalisés politiquement par différentes fractions du capital ukrainien. L’accentuation de ces clivages permettait à chaque fraction de se distinguer dans le jeu électoral, reléguant au second plan les préoccupations socio-économiques et politiques communes aux classes populaires de toutes les régions d’Ukraine. Cela n’a pas toujours été ainsi. Le thème ethnico-culturel et linguistique des « deux Ukraines » ne devient politiquement central qu’à partir des élections de 2004 qui opposent Viktor Ianoukovytch et Viktor Iouchtchenko. On assiste au même moment à la marginalisation du Parti communiste comme acteur indépendant de la vie politique et son entrée en coalition avec le Parti des Régions. À partir de 2004, la vie politique ukrainienne sera donc durablement structurée selon le partage entre, d’un côté, le camp national-démocratique, libéral et pro-européen, revendiquant une identité ouest-ukrainienne et, de l’autre, le camp paternaliste, russophone et pro-russe, revendiquant une identité sud-est-ukrainienne. Ce clivage prend aussi la forme d’une lutte autour de la mémoire historique : les uns se revendiquent du mouvement de libération nationale avec la figure de Bandera comme héros national, alors que les autres mettent en avant la « Grande guerre patriotique » contre le fascisme. Chaque camp développe une image diabolique de l’autre : les Ukrainiens de l’Ouest sont stigmatisés comme des héritiers des collaborateurs des nazis, les Ukrainiens de l’Est comme des nostalgiques du stalinisme responsable de la mort de plusieurs millions d’Ukrainiens pendant la famine des années 1930. Cette dynamique locale s’accompagne sur le plan géopolitique d’une montée des tensions entre la Russie et l’Occident qui finissent par se cristalliser de manière privilégiée autour de la question ukrainienne.

Conformément aux sondages, la majorité de la population du Donbass était contre la signature de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne (55,2 % de « non »), avec la préférence pour l’Union douanière (64, 5 % de « oui »). Selon un sondage effectué en décembre 2013, seuls 13 % des répondants ont dit soutenir l’Euromaïdan, alors que 81 % ont dit ne pas le soutenir. L’attitude majoritaire des habitants du Donbass vis-à-vis du Maïdan allait de l’indifférence à l’hostilité, renforcée par le mépris de classe dont les pro-Maïdan pouvaient faire preuve à leur égard.

Pourtant, le Maïdan avait bien le potentiel de réunir le pays autour des revendications communes. Bien qu’elles aient été moins massives, dans le Donbass il y a eu aussi des manifestations pro-Maïdan, des manifestations contre la corruption, les abus de l’État policier et du système juridique dysfonctionnant, et pour des valeurs associées – à tort ou à raison – à l’Europe, comme la démocratie, le respect de la loi, la défense des droits civiques et des droits humains, ainsi que pour des salaires et un niveau de vie plus élevés. Mais ce potentiel a été étouffé, d’une part, par l’entrée dans le mouvement des groupes d’extrême droite qui ont surdéterminé l’Euromaïdan de Kiev par un agenda nationaliste, et d’autre part par l’effort des pouvoirs locaux de l’Est pour discréditer le mouvement. Comme à Kiev, les représentants locaux du parti au pouvoir ont répondu par la constitution de milices pour intimider, discréditer et disperser les manifestations. Et comme à Kiev, ils ont organisé et financé des manifestations anti-Maïdan/pro-gouvernement. Enfin, la radicalisation des manifestations à Kiev, qui ont mené au renversement du régime, ainsi que l’abrogation par le gouvernement par intérim de la loi sur les langues régionales adoptée deux ans plus tôt, ont renforcé l’idée, véhiculée par les médias, que les nationalistes ukrainiens allaient ramener le désordre dans le Donbass, opprimer les populations russophones et, par la réorientation radicalement pro-européenne du pays, menacer les équilibres socio-économiques de la région.

Mais cela ne veut pas dire qu’il existait d’emblée une vaste mobilisation populaire pour l’indépendance de la région ou pour son rattachement à la Russie, et que la critique du Maïdan allait inévitablement évoluer en guerre civile. Les organisations séparatistes et panrusses (« République de Donetsk », « Club des fans de la Novorossiya », « Bloc russe », etc.) étaient très marginales avant 2014. Jusqu’au mois de février 2014, leurs manifestations condamnant le coup d’État fasciste, appelant à défendre l’église orthodoxe russe et l’appartenance du Donbass à la Russie, ne rassemblaient que quelques dizaines de personnes. L’extension du thème séparatiste a été plutôt l’œuvre des élites locales et des forces séparatistes minoritaires soutenues par la Russie, qui ont su exploiter le mécontentement populaire diffus contre le nouveau gouvernement. Les entretiens avec les ressortissants des régions séparatistes révèlent surtout un sentiment d’impuissance, l’impression d’être otages des jeux géopolitiques qui les dépassent, le ressentiment à l’égard de toutes les parties belligérantes et un profond désir de retour à la paix. Le contraste est frappant quand on compare ce bas niveau de mobilisation populaire avec la résistance actuelle des Ukrainiens face à l’invasion russe, 98 % des répondants aux derniers sondages apportant un fort soutien à l’armée ukrainienne1.

On peut donc affirmer que sans l’implication de la Russie, la méfiance des populations du Donbass quant à la révolution du Maïdan ne se serait sûrement pas transformée en guerre civile. Il y a d’abord le rôle immense qu’a joué la propagande russe dans le discrédit du Maïdan comme un coup d’État fasciste orchestré par les États-Unis. Les médias russes ou contrôlés par les élites locales pro-russes, principales sources d’information pour les populations locales, ont diffusé toutes sortes de fausses informations et rumeurs concernant le sort réservé par le nouveau pouvoir de Kiev aux populations russophones : que les russophones allaient être licenciés des postes dans les institutions et entreprises publiques, voire expulsés du pays ; que les « Banderites » allaient venir dans le Donbass semer la peur et la violence ; que les mines du Donbass allaient être définitivement fermées et utilisées par les pays européens pour y stocker leurs déchets radioactifs ; que le marché ukrainien allait être submergé de produits alimentaires génétiquement modifiés ; que les États-Unis allaient utiliser l’Ukraine comme base pour mener la guerre contre la Russie. Dans la crise politique de l’hiver-printemps 2013-2014, la Russie est ainsi de plus en plus perçue comme garant de paix et de stabilité.

Il y a ensuite eu l’implication directe de conseillers du Kremlin comme Surkov et Glazyrev, ainsi que des forces spéciales russes dans les manifestations anti-Maïdan et dans le soulèvement séparatiste sous la bannière du « Printemps russe ». Celui-ci est d’abord mené par le citoyen russe Girkin-Strelkov, remplacé plus tard par le ressortissant de Donetsk Aleksandr Zakharchenko afin de donner plus de légitimité à la direction des nouvelles républiques.

Enfin, dès le mois de juin 2014, la Russie est impliquée dans la guerre non seulement par l’envoi d’armes lourdes aux séparatistes locaux, mais aussi directement avec la participation des unités de l’armée russe dans les combats à Ilovaïsk en août 2014, à Debaltseve en février 2015, etc. Cette intervention militaire a lieu au moment où l’armée ukrainienne et les bataillons de volontaires étaient sur le point d’infliger une défaite décisive aux forces séparatistes. C’est l’entrée de l’armée russe dans la guerre qui renverse les rapports de force, en poussant le président ukrainien Porochenko à entamer le processus de négociations et à signer le cessez-le-feu connu sous le nom d’accords de Minsk.

Les accords de Minsk : une guerre évitable ?

Il faut donc rappeler que les accords de Minsk interviennent dans une situation militaire très défavorable pour le gouvernement ukrainien, au moment où la Russie renverse la situation sur le champ de bataille et menace de continuer les conquêtes territoriales dans l’est et le sud de l’Ukraine, avec pour enjeu la création d’un couloir terrestre de la Crimée vers la Transnistrie. Il y avait déjà à ce moment-là la crainte bien réelle d’une invasion de grande ampleur du pays. L’Ukraine se voit donc forcée d’accepter les termes des négociations. Pour la Russie, il s’agissait de trouver un moyen pour garder une influence décisive sur la politique interne et externe de l’Ukraine, car avec la perte de la Crimée et d’une partie du Donbass, l’Ukraine a aussi perdu son électorat le plus orienté vers le vote pro-russe. Pour s’assurer le contrôle de son ancienne semi-colonie, la Russie avait donc davantage intérêt à une réintégration par l’Ukraine des territoires séparatistes sous condition de la fédéralisation du pays – aucune décision stratégique ne pouvant alors être prise sans accord de tous les membres de la fédération – qu’à reconnaître leur indépendance ou à les rattacher définitivement à la Russie, ce que les leaders séparatistes eux-mêmes souhaitaient pourtant.

Les négociations se déroulent à deux reprises : en septembre 2014 (Minsk I), puis en février 2015 (Minsk II). Les accords de Minsk comprenaient plusieurs points avec un volet sécurité (cessez-le-feu, retrait des armes lourdes, échange des prisonniers, restauration de la frontière ukrainienne) et un volet politique (amnistie des personnes impliquées dans le mouvement séparatiste, réforme constitutionnelle de l’Ukraine fixant un principe de décentralisation du pouvoir, reconnaissance d’un statut spécial aux régions de Lougansk et de Donetsk, organisation des élections locales). Aucun point de ces accords n’a été pleinement appliqué. Leur échec s’explique par l’impasse des négociations sur le volet politique. L’Ukraine réclame que les élections locales soient organisées selon la loi ukrainienne et sous surveillance des institutions internationales indépendantes après le démantèlement et le retrait préalable de toutes les formations militaires illégales (forces séparatistes, mercenaires et armée régulière russe) et la reprise par l’Ukraine du contrôle de sa frontière. Poutine souhaite quant à lui que le processus commence par les élections locales et la réforme constitutionnelle. L’autre point de désaccord concernait l’amnistie pour les dirigeants des républiques séparatistes et la reconnaissance d’un statut spécial pour le Donbass. Ce statut impliquait que les régions puissent mener une politique économique, sociale, linguistique et culturelle autonome, nommer les procureurs et avoir des organes de justice indépendants, et enfin former leurs propres « milices populaires ». Le texte suggérait également que le gouvernement central devait contribuer au renforcement de la coopération entre les régions de Lougansk et de Donetsk et la Russie. Concrètement, le texte des accords visait à légaliser le statu quo : les actuels dirigeants séparatistes deviendraient les représentants officiels du pouvoir ukrainien dans les territoires occupés, leurs forces militaires seraient maintenues et prendraient officiellement le contrôle de la frontière russo-ukrainienne.

De ce fait, les accords de Minsk étaient inaudibles pour l’opinion publique ukrainienne. Ils assuraient tout au plus un gel provisoire du conflit. Il était clair que, pour la Russie, il s’agissait par ces accords d’acquérir un instrument permanent d’ingérence dans les affaires ukrainiennes, empêchant le pays de mener une politique extérieure et intérieure indépendante. Par ailleurs, ces accords n’apportaient aucune solution à la question de la Crimée. L’application de ces accords par le pouvoir ukrainien aurait sûrement mené à une nouvelle crise politique, à un nouveau Maïdan mené cette fois-ci par la frange la plus réactionnaire de la société civile ukrainienne. Du point de vue de la realpolitik, on pourrait toujours dire que le gouvernement ukrainien aurait pu éviter la guerre en faisant des concessions à la Russie. Mais une telle affirmation revient à blâmer la victime et à accepter que les puissances impérialistes puissent dicter aux peuples les conditions de leur soumission sous une pression militaire.