Publié le Mardi 17 mai 2022 à 17h27.

ExisTransInter: pour vivre et pas survivre

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté sous un soleil de plomb dans les rues de Paris ce samedi 14 mai 2022 pour la 25ᵉ édition de l’ExisTransInter, la manifestation annuelle pour défendre les droits des personnes transgenres et intersexes1.

Cela faisait deux ans que la manifestation avait été repoussée par le confinement, et pour cause, la crise du covid, en plus d’avoir infecté les corps et isolé les personnes, a distendu les liens dans un collectif d’organisations de personnes particulièrement précarisées, réprimées, opprimées.

Comme partout dans le monde, la fascisation de la société touche d’abord les personnes considérées comme à la marge de l’ordre établi. Ces derniers mois, les discours réactionnaires se sont banalisés dans les médias et l’espace public et cela entraîne mécaniquement une hausse de la transphobie en actes. Des groupuscules anti-trans signent tribune après tribune pour mettre la pression sur les politiques, des psychanalystes pavoisent sur les plateaux pour dire « Je trouve qu’aujourd’hui, il y a une épidémie de transgenres, il y en a beaucoup trop », les députés refusent l’interdiction de chirurgies normatives mutilantes sur des bébés et des enfants intersexe. Quant au gouvernement, après des années passées à nous promettre la PMA, il nous a finalement pondu une loi... qui en exclut les personnes trans. Rappelons que les hommes transgenres peuvent porter leur enfant, pourquoi les empêcher de le faire ? Si ce n’est par transphobie.

« C’est pas les personnes trans qui ruinent la société »

Le matin même de la marche, nous apprenions que, la veille, un lycéen trans de 15 ans s’était donné la mort son établissement du Mans2 (72) deux mois seulement après le suicide à Tours (37) de Mirza-Helenne Deneuve, militante trans et fondatrice de TRANSGRRRLS. Encore une fois, une fois de trop. C’est forcément avec la rage au ventre et avec un sentiment d’urgence que nous avons manifesté dans les rues bourgeoises de la capitale sous le regard de badauds tantôt narquois, tantôt interloqués, mais aussi, parfois, bienveillants. Dans les cortèges, entre musique et slogans, entre paillettes et pancartes, on entonnait « Contre les agressions transphobes et racistes, auto­défense sociale et féministe », « So-so solidarité avec les personnes trans du monde entier », ou encore « Des papiers pour tous·tes ou plus d’papiers du tout ».

La commission LGBTI du NPA, bien qu’en fin de cortège, était évidemment présente, rapidement rejointe par les camarades participant au week-end de formation nationale féministe (lire page 10). Nous avons distribué des centaines de tracts réclamant (au minimum) l’accès au changement d’état civil sur simple demande et le remboursement intégral des parcours de transition par la sécurité sociale. Les camarades déambulaient avec des caisses d’autocollants qui s’arrachent, on doit le dire, comme des petits pains : « Ah ! Celui-là je l’ai déjà depuis la marche lesbienne, je vais prendre le "mon corps mon choix" pour coller sur Zemmour » ; « Moi je vais le mettre dans les toilettes du collège ! » Oui, du collège. On a pris un sacré coup de vieux.

Prochaine échéance : la Pride des banlieues le samedi 4 juin à 14 heures, au départ de la place René-Dumont à Saint-Denis (93).

  • 1. Les personnes intersexuées ont des caractéristiques physiques ou biologiques, telles que l’anatomie sexuelle, les organes génitaux, le fonctionnement hormonal ou le modèle chromosomique, ne correspondant pas aux définitions classiques de la masculinité et de la féminité.
  • 2. Si vous êtes en proie à des pensées suicidaires, ne restez pas seulE. Des lignes d’écoute sont disponibles, comme Suicide écoute, disponible 24h/24 et 7/j7 au 01 45 39 40 00. SOS homophobie dispose également d’un chat d’écoute en ligne et d’une ligne d’écoute anonyme au 01 48 06 42 41.