Publié le Mercredi 2 novembre 2022 à 11h43.

Les Nôtres: Alain Valet, dit Bruno, dit Pépé

Alain Valet nous a quittés. On l’appelait aussi Pépé du surnom que lui avaient donné nos enfants qui jouaient avec lui. C’était aussi Bruno pour la LCR. Il est parti par surprise alors que nous le savions malade, nous laissant désemparés.

Colère et conscience de classe

Il était malade de la cigarette, de l’amiante, des conditions de vie difficiles qui ont été les siennes depuis sa prime enfance. Sa mère décédée alors qu’il avait six ans, un père qui l’abandonne, il est élevé par une tante qui le garde jusqu’au certificat d’études. Après c’est le travail, et à 15 ans il est apprenti ajusteur mécanicien dans les usines de sidérurgie de Pompey. Puis les foyers de l’éducation surveillée, de jeunes travailleurs, dans la région parisienne où il fait de multiples boulots pour payer sa pension avant d’être incorporé pour 16 mois dans l’armée.

La colère est là. La conscience de classe aussi. Alors qu’il travaille au BHV à la maintenance, il participe à toutes les manifestations de Mai 68, ayant la chance de travailler aux portes du Quartier latin, lieu de la révolte étudiante. Il participe au lancement de la grève sur le magasin, à son occupation. Il témoigne ainsi de la disponibilité de la jeunesse ouvrière à se mobiliser aux côtés des étudiantEs, ce que va combattre le PCF d’alors en organisant la fracture, en dénonçant les « gauchistes Marcellin » (le ministre de l’Intérieur de l’époque) pour garder son hégémonie sur la classe ouvrière.

L’aventure Rotographie

Alain adhère à la Ligue communiste dans la foulée de 68 et ne l’a plus quittée. Il a été membre de la cellule de la Ligue du BHV, probablement une des premières cellules d’entreprise, jusqu’à son licenciement en 1971.

C’est tout naturellement qu’il est de l’aventure du quotidien Rouge en 1975, à la maintenance technique de l’imprimerie Rotographie qui devint un peu son premier lieu de vie. Dans le même temps il milite à Saint-Denis, assurant entre autres l’intervention sur l’usine Jeumont Schneider de La Plaine, jusqu’à sa fermeture en 1987, avec toutes les usines de ­métallurgie de la Seine-Saint-Denis.

Dans les années 1980 il fit une formation de chaudronnier et travailla dans diverses entreprises où probablement il fut exposé à l’amiante et d’où il était ­systématiquement licencié.

Il revint travailler à Roto jusqu’à sa retraite et au-delà, dans le quartier Robespierre à Montreuil où il avait ses habitudes, comme à Saint-Denis où il a toujours vécu.

Le NPA salue ses proches, ses amiEs, ses camarades, Maria et Giulia et ses enfants.