Publié le Mercredi 21 décembre 2022 à 09h53.

Des BD pour bien finir 2022 et commencer 2023 avec des idées et/ou des rêves !

La 50e édition du festival de BD d’Angoulême (du 26 au 29 janvier 2023) s’annonce déjà tumultueuse. L’exposition de Bastien Vivès vient d’être annulée à la suite de pétitions et mouvements de protestation sur la ville d’Angoulême même. Les étudiantEs de l’École européenne supérieure de l’Image (EESI) sont en grève avec le soutien de grandEs anciens comme Léa Murawiec (Fauve, prix du public 2022). Mais c’est ça la BD, le succès public et la contestation permanente ! Donc pour votre famille, vos amiEs et surtout pour vous-même, une seule option de cadeaux : des BD, dont voici une sélection parmi les albums sortis depuis un an ou moins.

Petar & Liza, de Miroslav Sekulic, Actes Sud, 176 pages, 16 euros

Roman graphique ou fresque colorée ? Dans une Yougoslavie qui commence à se déchirer, Petar revient d’un long service militaire pas du tout adapté à son tempérament de poète mélancolique et plonge dans une vie civile et urbaine agitée qui le met en dépression. Il aimerait terminer son roman mais il croise le regard vert de Liza et est rattrapé par l’amour. Mais cela peut-il suffire à un Petar alcoolique qui n’arrive plus à écrire ? Et Liza l’indépendante ? Graphiquement, la plus belle BD de ces dernières années.

Jonathan, tome 17, la piste de Yéshé, de Cosey, éditions Le Lombard, 56 pages, 12,95 euros.

C’est l’épisode final du conte initiatique himalayen de Cosey à travers son double Jonathan. Retour au Tibet donc, pour retrouver de vieilles connaissances avant de partir définitivement. Des paysages enneigés, ou pas, mais toujours somptueux sous un ciel lumineux. Des « sages » plus ou moins sages. Et bien sûr, toujours les occupants chinois, de plus en plus nombreux par ailleurs, pour dicter qui est permis ou non aux TibétainEs. Jonathan parviendra à sauver la vie d’un résistant de la première heure avant de tirer sa révérence. En mantras évidemment !

Ruptures, les bébés volés du franquisme, scénario Laure Sirieix, dessins de Lauri Fernandez, éditions Bang, 157 pages, 25 euros.

Des bébés et des enfants sont aujourd’hui volés en Ukraine par l’armée russe et les milices à sa solde. Objectif : en faire de « vrais russes » ! Le vol des enfants de militantEs révolutionnaires argentins dans les années 1970 répondait au même objectif. Moins connu est le vol des enfants des militantEs de la gauche espagnole. Il a pourtant duré pendant des dizaines d’années et peut se chiffrer autour de 300 000 enfants. Ce scandale fut étouffé par la loi d’amnistie du 15 octobre 1977 par laquelle les partis dits de gauche s’engagèrent à ne pas remuer le passé en échange de la « démocratie ». C’est le thème central de cette BD qui interroge l’histoire au plus près, en y mêlant les préoccupations d’une jeune lycéenne parisienne, petite-fille et arrière-petite-fille de militantEs espagnols.

Journal inquiet d’Istanbul, de Ersin Karabulut, éditions Dargaud, 152 pages, 23 euros

Une grande BD turque pour mieux comprendre la situation d’aujourd’hui. L’auteur, Ersin Karabulut, né en 1981, originaire d’une famille modeste dans une banlieue déshéritée d’Istanbul, a toujours rêvé de devenir dessinateur de BD dans une Turquie secouée par des régimes autoritaires, militaristes, extrémistes avant de sombrer dans le quasi-intégrisme islamique d’Erdogan. Combien de fois a-t-il failli lâcher le pinceau par peur pour lui-même, sa famille ou ses amis menacés par les « Loups gris » ou les « Frères » ? S’attaquer et se moquer du pouvoir dans un pays en train de devenir une dictature fondée sur des principes religieux n’est pas sans danger. Dans ce premier tome, Ersin nous raconte surtout ses débuts et les premières menaces. Mais il ne lâchera rien.

Slava, après la chute, de Pierre-Henry Gomont, éditions Dargaud, 104 pages, 20,50 euros

Années 1990. L’URSS vient de s’effondrer. La Russie d’Eltsine est livrée en pâture au capitalisme le plus sauvage. Les richesses du pays qui, en théorie, appartenaient au peuple, sont attribuées à des bureaucrates liés à la mafia, devenus oligarques surpuissants, pilleurs et voraces. La corruption s’affiche, s’étale et s’impose en système partout dans le pays.

Deux jeunes pilleurs, Dimitri Lavrine, un petit affairiste, et son ami, Slava Segalov, un artiste raté, tentent de participer à ce festin de corruption. On suit avec délectation leurs mésaventures rythmées par la rencontre du peuple d’en bas, de personnages hauts en couleur, et surtout de Nina la résistante. Slava est une saga qui brosse le portrait d’un pays déboussolé qui amorce une transition incertaine, et annonciateur de la Russie capitaliste et impérialiste d’aujourd’hui.

Bob Morane, tome 2, les Prisonniers du temps, scénario Éric Corbeyran et Christophe Bec, dessins Paolo Grella, éditions Soleil, 48 pages, 14,95 euros

Et en BD l’aventure alors ? 70 ans après « l’aventurier de tous les temps » est toujours dans les bacs. Comme par hasard, un vortex (spirale temporelle) s’ouvre dans les caves du fringant commandant Morane dans le Massif central. Un petit dinosaure en surgit avant de disparaître. Comment résister à l’envie d’aller faire un petit tour dans le Crétacé ? Sauf qu’à peine franchi, le vortex se dissout et s’annonce la chute d’une énorme météorite, celle-là même qui provoquera la fin du monde des dinosaures. Comment nos héros vont-ils pouvoir se tirer d’une aussi fâcheuse situation ?

Bonne lecture pour les fêtes !