Publié le Mercredi 23 novembre 2022 à 11h12.

Succès de « Il nous reste la colère » à Angoulême

Le film de Jamila Jendari et Nicolas Beirnaert sur la lutte des Ford a été projeté au cinéma de la cité de la BD à Angoulême le 16 novembre. À 20 h 10, quand le NPA d’Angoulême se présente à la porte du cinéma avec un flyer pour les prises de contact rappelant notamment la grande manifestation récente contre les bassines, plus de 50 personnes sont déjà à l’intérieur. On sent le gros évènement !

Histoire d’une lutte

Rappel. En 2011, les ouvriers de Ford à Blanquefort sauvent leur usine et ses milliers d’emplois. La joie de la victoire laisse rapidement place à de nouvelles craintes de fermeture. Celles-ci finissent par devenir une réalité, jusqu’à l’arrêt définitif des chaînes de montage en 2020. Pourtant, un collectif syndiqué à la CGT, emmené par notre camarade Philippe Poutou, va mener la bagarre 24/24h, 7/7j et dans tout l’hexagone (le stand Ford aux 24 heures du Mans ne sera pas épargné par la colère ouvrière). La lutte et la grève seront suivies jour après jour pendant trois ans par deux jeunes réalisateurEs. Après montage et remontage, le film de presque neuf heures est devenu un documentaire de 1 h 36 et retrace principalement la dernière année de lutte intense, de doutes, de combats et d’espoir.

Au total, plus de 150 personnes ont assisté à la projection du film dans la grande salle du cinéma de la Cité de la BD en présence de Philippe Poutou. Philippe a commencé par une courte introduction pour présenter pourquoi et comment ce film a pu être réalisé pendant des mois en immersion avec les travailleurEs de Ford. Le film a captivé de bout en bout le public de tous les âges (un peu plus âgé que le meeting du candidat Poutou lors de la présidentielle à Angoulême à l’Espace Franquin). Le public entier est resté après la projection pour le passionnant débat qui a suivi entre Philippe et la salle.

Tous les aspects de la lutte des salariéEs de Ford ont été discutés et mis en parallèle avec la volonté de la multinationale de refuser tout repreneur pour fermer le site absolument et sans risques pour le futur. En fait, les requins du Michigan (USA) voulaient se venger de la précédente fermeture avec reprise où les travailleurEs avaient forcé Ford et les pouvoirs publics à réinvestir et à reprendre l’usine.

Faillite organisée de l’État face aux intérêts privés

L’incohérence de la politique capitaliste et l’incurie des pouvoirs publics (régionaux ou nationaux) sont magnifiquement montrées. Par exemple, l’administration française n’avait absolument rien conservé à propos du prix de la vente du terrain de Blanquefort à la multinationale qui, elle, avait tout conservé. Preuve de la faillite organisée de l’État face aux intérêts privés. Et c’est cet État et les gouvernements de « gauche » ou de droite que les syndicats accompagnent. CGT comprise. Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez rêvait de faire la peau à Philippe et ses camarades et leur interdisait l’accès au siège de Montreuil. La CFDT, elle, s’était « courageusement » retirée du conflit dès lors qu’il fallait mobiliser à la base. Images collector aussi d’Alain Juppé et de Bruno Le Maire démontrant leur absence de volonté de s’opposer à la fermeture autrement que de façon verbale. Quand on fait partie du système où la fermeture des usines fait augmenter les dividendes des actionnaires, on n’insiste pas trop !

La détermination de l’équipe CGT de l’entreprise de Blanquefort et de ses doutes parfois est filmée au plus près. Pas de suspense, on sait qu’à la fin, l’usine va fermer, mais le film démontre que la lutte a été utile et qu’elle a su ne pas rester isolée (jonction avec les Gilets jaunes, les Goodyear et nombre d’artistes). Une leçon de lutte de classe en quelque sorte. Chaleureux applaudissements pour Philippe à la fin mais pour Philippe, à Angoulême, c’est habituel !

Correspondance NPA Angoulême