Publié le Mercredi 20 septembre 2017 à 09h48.

Harcèlement de rue : La pénalisation? Non merci!

Ce mardi 20 septembre, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes lançait un groupe parlementaire se penchant sur la verbalisation du harcèlement de rue qui se trouve bel et bien dans un vide juridique alors qu’une enquête de 2015 menée par le Haut Conseil à l’égalité femmes-hommes révélait que 100% des femmes en avait été victime dans les transports en commun… 

Ca semble partir d’une bonne intention. Car la place des femmes dans l’espace public dans la rue, dans les transports se fait toujours au prix de mini-agressions parfois quotidiennes. Depuis petites filles, nous intégrons que cet espace n’est pas le nôtre car il n’est pas sécurisant. Mais rappelons tout de même que par contre la part des viols commis dans l’espace public est très minoritaire par rapport à celui de la sphère privée : famille, conjoint, amis, connaissances. Si la sphère publique n’est pas rassurante, la sphère privée l’est de manière totalement tronquée.

Le harcèlement de rue n’existe pas dans la loi pour l’instant car il n’entre pas dans le cadre du harcèlement moral ni du harcèlement sexuel. Pourquoi ? Tout simplement parce dans la loi française le harcèlement a une notion de répétition. Il suffirait de retirer cette répétition, comme le demandent de nombreuses associations féministes, pour faire rentrer le harcèlement de rue dans le cadre de la loi. 

Tenter de combler ce vide devrait être une avancée… Oui mais… En Belgique, par exemple, pays pionnier sur ce type de législation, depuis mais 2014 (adoption de la loi) seule 3 peines ont été prononcées. Comment porter plainte contre des inconnus, comment porter plainte sans preuves, alors que les plaintes pour viol ou agressions sexuelles sont très souvent sans suite. La valeur de cette loi serait donc uniquement symbolique?

Surveiller et réprimer

En réalité, la future loi se verra accompagnée d’un renforcement de 10 000 agents censés verbaliser sur flagrant délit les hommes harceleurs. Il y a fort à parier que ces renforcements policiers se feront au détriment des classes populaires, alors que le harcèlement existe dans tous les milieux. Comment rassurer les femmes à coups de policiers quand on sait que les hommes sont coupables de violences et de viols qui eux ne sont jamais punis. 

Alors que le précédent gouvernement a renoncé aux ABC de l’égalité dans les écoles, laissé s’exprimer la parole sexiste et homophobe, le gouvernement Macron se trouve dans la même lignée : surveiller et réprimer plutôt que de donner des moyens à une éducation non-genrée.

Il n’y a rien à attendre de ce gouvernement, nous ne pouvons que compter que sur nos propres forces, c’est en reprenant le chemin de la rue que nous imposerons un rapport de force aux hommes qui harcèlent et qui agressent.

Mimosa Effe