Publié le Jeudi 27 octobre 2022 à 18h00.

Brésil : alerte face au danger d’une victoire de Bolsonaro

Quelques jours avant le second tour de l’élection présidentielle au Brésil, nous publions des extraits d’un article de Valerio Arcary mis en ligne le week-end dernier sur esquerdaonline.com.br.

L’honnêteté constitue le socle de la confiance politique. Être de gauche, c’est adhérer à l’espoir passionné qu’il est possible de changer le monde. Mais l’optimisme ne doit pas nous aveugler. Le réalisme est la condition de la clairvoyance révolutionnaire. Le moment est venu de lancer une alerte.

Rien n’est joué

Les derniers sondages indiquent que Lula est en tête avec 49 % contre 45 %. Toutefois, Bolsonaro bénéficie d’une hausse d’un point par rapport à la semaine passée (44 %), selon le sondage de Datafolha. En tenant compte de la marge d’erreur, il y a une égalité « technique ». En d’autres termes, c’est l’imprévisibilité qui règne. Les calculs de probabilité basés sur l’évaluation statistique confirment un léger avantage pour Lula. Mais huit jours, c’est une éternité dans ce type de lutte politique. Ce que les sondages suggèrent, c’est que la course est encore ouverte. Lula a remporté le premier tour avec 57 millions de voix, c’est certain. Un renversement, bien que peu probable, n’est pas impossible. Deux rejets (désaveux) s’affrontent. Celui de Bolsonaro se situe à 51 % contre 46 % contre Lula. Par contre, 38 % approuvent le gouvernement et seulement 39 % le rejettent.

Six terrains de lutte nous attendent. Les six dépendent de la conduite de la campagne et de Lula lui-même : (a) la tactique politique ; (b) l’extension des déclarations de soutien à Lula ; (c) les manifestations au côté de Lula dans les rues, avec mobilisation de masse ; (d) l’intensification des publications sur les réseaux sociaux ; (e) les programmes ayant un impact à la radio et à la télévision ; (f) la performance de Lula dans le débat final le 28 octobre. Tout va énormément compter. Mais l’engagement militant est la variable qui peut faire la différence. Un militantisme conscient n’a pas besoin d’un excès de fanfaronnade. La victoire de Lula n’est pas garantie. Il est possible de gagner, mais il faudra se battre avec acharnement.

Une bataille totale

Des élections contre un fasciste ne seront jamais « normales ». Les fascistes ne respectent rien. Le bolsonarisme a consolidé un courant politico-­idéologique d’extrême droite. Le sondage Datafolha établit que 28 % des électeurs et électrices sont acquis aux idées néofascistes. Ils englobent un « conglomérat » formé de secteurs de la bourgeoisie auxquels s’ajoute la petite bourgeoisie propriétaire, une majorité de la classe moyenne occupant des postes de direction dans le secteur privé et public, des franges de la classe ouvrière à revenus moyens, ainsi que des secteurs populaires organisés par les Églises néo­pentecôtistes. Ce sont elles qui entraînent les secteurs de masse « anti-PT » au moyen du lavage de cerveau du Lava Jato [thème de la corruption contre Lula], et non l’inverse.

La force considérable de Lula réside dans l’identité de classe. Une majorité populaire est en mouvement parce qu’elle fait confiance à Lula. Il y a une histoire de quarante ans qui s’étend sur deux générations. Sans Lula, la gauche brésilienne n’aurait eu aucun moyen de se présenter à cette élection avec une possibilité de victoire. Les mobilisations du second tour sont plus importantes qu’avant le premier tour.

Notre faiblesse s’exprime dans l’incontournable difficulté à mobiliser quand Lula n’est pas présent. Mais la victoire dépend aussi du programme. Il faut dénoncer la menace fasciste pour ce qu’elle est : la vie d’une génération est menacée. Il est nécessaire de lutter contre le danger d’une augmentation du taux d’abstention en garantissant la gratuité des transports publics [lors des votes]. Mais surtout, il faut insuffler une volonté inébranlable de gagner. La dernière semaine est le moment de l’offensive totale.