Publié le Lundi 12 février 2024 à 17h00.

Génocide israélien en Palestine : l’élection de Biden pourrait être en jeu

L’administration du président Biden est soumise à une pression constante et croissante de la part de ceux qui sympathisent avec les PalestinienNEs et appellent à un cessez-le-feu et souvent aussi à la fin de l’aide militaire américaine à Israël. Sa réélection pourrait être en jeu dans des États clés tels que le Michigan, qui comptent une importante population palestinienne, arabe et musulmane.

De nombreux AméricainEs, comme des millions d’autres personnes dans le monde, sont consternés par la poursuite des destructions qui ont quasiment anéanti Gaza et tué des milliers de personnes. Le nombre de morts est aujourd’hui estimé à plus de 28 000, bien que 6 000 personnes supplémentaires soient peut-être ensevelies sous les décombres ; 67 600 PalestinienNEs ont été blesséEs, dont de nombreuxEs mutilés ; la plupart ont été déplacéEs, 1,9 million d’entre elles et eux vivant aujourd’hui dans 154 lieux de refuge, généralement des villages de tentes gérés par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

Le plus grand mouvement progressiste depuis Black Lives Matter

La réaction américaine face à la poursuite des crimes d’Israël contre l’humanité et au fait que les États-Unis continuent de soutenir Israël militairement et politiquement a été énorme. Depuis le 7 octobre 2023, des centaines milliers de personnes ont participé à des rassemblements et à des marches en faveur d’Israël et de la Palestine, mais les manifestations pro-palestiniennes ont été deux fois plus importantes que celles en faveur d’Israël. Le Harvard’s Nonviolent Action Lab et le Counting Crowds Consortium rapportent que 293 000 personnes ont participé aux manifestations pro-israéliennes et au moins 694 000 aux manifestations pro-palestiniennes. Les rassemblements et manifestations pro-palestiniennes constituent le plus grand mouvement progressiste depuis les manifestations pour la justice raciale « Black Lives Matter » de 2020, qui ont été les plus importantes de l’histoire des États-Unis.

Quelque 70 villes américaines, dont Chicago et Seattle, ont adopté une résolution sur la guerre d’Israël contre Gaza. La plupart de ces déclarations symboliques ont été adoptées dans des États et des villes gouvernés par des démocrates. Certaines sont plus dures que d’autres, mais la plupart d’entre elles appellent à un cessez-le-feu, même si le président Biden s’oppose à une telle mesure.

Sous cette pression, le 8 février, Biden a déclaré que la réponse d’Israël à l’attaque du Hamas était « excessive ». Cependant, des collaborateurs de la Maison Blanche ont alors déclaré que cela ne devait pas être interprété comme un changement de position et que le président continuait à soutenir la guerre d’autodéfense d’Israël, tout en estimant qu’Israël devait prendre des mesures pour protéger les civilEs.

La position de Biden lui coûte le soutien des électeurs arabo-américains. Selon l’Institut arabo-américain, en 2020, une majorité d’AméricainEs d’origine arabe, soit 59 %, soutenaient M. Biden, alors qu’aujourd’hui, ils ne sont plus que 17 %, voire moins, à le faire. Depuis 1997, une majorité d’AméricainEs d’origine arabe se sont identifiéEs comme démocrates, mais aujourd’hui, 32 % d’entre eux s’identifient comme républicains et 31 % comme indépendants. Dans le Michigan, plus de 200 000 électeurEs inscrits sont musulmans et 300 000 personnes sont d’origine moyen-orientale et nord-africaine selon un rapport sur les habitudes de vote en 2020. M. Biden n’a remporté le Michigan qu’avec 154 000 voix d’avance, de sorte que sa réélection est clairement compromise.

Le Michigan s’éloigne de Biden

Conscient de cette situation, Joe Biden a envoyé un groupe de collaborateurs dans le Michigan le 8 février, parmi lesquels Samantha Power, directrice de l’Agence américaine pour le développement international, Jon Finer, principal conseiller adjoint à la sécurité nationale, et Steven Benjamin, qui dirige le Bureau de l’engagement public. Ils ont notamment rencontré Alabas Farhat et Abraham Aiyash, législateurs arabes-américains et musulmans de l’État, Abdullah Hammound, maire de Dearborn, Assad I. Turfe, chef adjoint de l’exécutif du comté de Wayne, et Osama Siblani, éditeur de Arab American News. Plus de 30 éluEs ont rejoint la campagne « Écoutez le Michigan », promettant de voter « sans engagement » plutôt que républicain ou démocrate lors de l’élection primaire du 27 février. La campagne en recrute d’autres.

Des groupes comme la Campagne palestinienne pour les droits de l’homme appellent les électeurs à « quitter les mauvais patrons comme le boucher Biden » et les manifestants scandent : « Joe le génocidaire, qu’en dis-tu ? Combien d’enfants avez-vous tués aujourd’hui ? »

Alors que Joe Biden et ses collaborateurs se sont efforcés de conserver leurs partisans arabes et musulmans, de nombreuxEs NoirEs et de nombreuxEs jeunes, ainsi que certains juifs progressistes, sympathisent également avec la cause palestinienne. Pratiquement chaque jour, des milliers de personnes manifestent quelque part dans le pays. Biden et les démocrates peuvent voir leurs électeurEs arabes et musulmans, dont beaucoup brandissent des drapeaux palestiniens, s’éloigner d’eux.

Dan La Botz, traduction Henri Wilno