Publié le Lundi 10 février 2020 à 14h30.

Le Moyen-Orient à feu et à sang – Contre les impérialistes, les puissances régionales et les régimes pourris, vivent les luttes des peuples pour leur libération et leur émancipation !

Irak, Iran, Yémen, Syrie, Liban, Palestine : pas un jour sans morts sous les bombes, sous les balles ou la torture – et combien du fait des privations de nourriture, d’eau potable et de soins médicaux ? (Motion adoptée à l’unanimité des voix exprimées par le CPN des 8 et 9 février 2020)

Les populations du Moyen-Orient ne cessent de payer leurs révoltes contre la tyrannie imposée par des régimes qui rivalisent d’oppression, de férocité répressive et de corruption, et qui relaient à leur façon l’offensive capitaliste néolibérale mondiale, massive et brutale. Sans le soutien des puissances impérialistes mondiales, ces régimes seraient tombés depuis longtemps. Sans l’utilisation cynique des confessionalismes religieux, du sexisme et du chauvinisme par les classes dominantes et les prêcheurs armés, les aspirations populaires au travail, à la justice sociale, aux libertés démocratiques et à l’égalité des droits, à l’émancipation des peuples et au respect de l’environnement pourraient se rejoindre pour ouvrir une ère de coexistence et de prospérité dans le plus notable berceau multiculturel de l’humanité. 

Dans une période où les luttes des opprimés-e-s rejaillissent à peine étouffées, nous nous opposons à une soi-disant trop forte complexité des situations qui tend à glisser vers le racisme, ou à une soi-disant bonne volonté des gouvernements français et européens qui serait mal récompensée. Les politiques des grandes puissances quelle qu’elles soient sont d’une complicité avérée, ont créé incomparablement plus de problèmes que des solutions, et celle de la France de Macron est toujours scandaleuse à son niveau. Nous refusons également tous les « campismes » qui mettent en valeur la lutte d’un peuple ou d’un Etat au détriment d’un autre. 

Dans cette période d’affrontements et de soulèvements redoublés, avec de grands espoirs et de grands désespoirs, le Nouveau Parti Anticapitaliste tient à réaffirmer sa pleine solidarité avec tous les peuples du Moyen-Orient en lutte pour leur liberté, leurs droits et leur avenir. 

 

En Iran, la population a été marquée depuis des décennies par la politique criminelle des USA avec la complicité de ses alliés impérialistes dont la France, avec encore aujourd’hui Macron qui couvre Trump dans ses aventures militaires. C’est cette population qui souffre en premier lieu du blocus économique imposé par les USA, et qui serait la principale victime d’une nouvelle guerre dont Trump agite la menace quand il se sent affaibli en interne. Les iranien-ne-s se sont récemment levé-e-s à plusieurs reprises contre le régime particulièrement oppresseur des mollahs, et ont été sauvagement réprimé-e-s par celui-ci. Mais les récentes opérations militaires états-uniennes, la pression impérialiste ne font que renforcer le régime à chaque fois qu’il est affaibli par les effets désastreux de sa politique et par les mobilisations populaires. 

Nous dénonçons la complicité du gouvernement de Macron avec la politique ultra-impérialiste et va-t-en guerre de l’administration US de Trump au Moyen-Orient. Nous saluons les luttes héroïques de l’ensemble des populations d’Iran et particulièrement des femmes, à la fois contre le régime et contre l’impérialisme, et nous en sommes pleinement solidaires.

 

En Irak, les conséquences de l’invasion du pays par la coalition dirigée par les USA en 2003 ne cessent de se réfracter. Il y a eu les centaines de milliers de morts et les destructions massives de l’offensive états-unienne. Il y a eu les répliques de cette guerre avec les combats sans merci liés à la montée du djihadisme et en particulier de Daesh. Il y a eu l’accaparement des richesses du pays par les vainqueurs et leurs amis. Mais depuis octobre 2019 un mouvement de contestation populaire sans précédent s’est levé, dénonçant la corruption, le chômage et la déliquescence des services publics dans un pays en pénurie chronique d’emplois, d'électricité et d'eau potable. Ces revendications de justice sociale et de redistribution économique face aux politiques néolibérales destructrices ne peuvent être dissociées des revendications contre la fin du système politique confessionnel, qui détermine la représentation politique sur la base des identités communautaires – religieuses, ethniques ou confessionnelles. Les manifestant·e·s se sont aussi insurgé·e·s contre le rôle tant des USA que de l'Iran dans le pays. En effet, Téhéran possède une influence politique et économique massive en Irak depuis l'occupation états-unienne en 2003, à travers son soutien aux mouvements fondamentalistes islamiques chiites et à ses milices armées. 

Les populations soulevées ont manifesté sans cesse depuis l’automne, et occupé la place Tahrir à Bagdad et beaucoup de villes du sud de l’Irak, sous les balles et les enlèvements d’activistes du mouvement, en particulier de femmes, par des milices défendant leur pouvoir. La mobilisation a obtenu le départ du premier ministre et s’est fixé comme objectif de ne pas cesser tant qu’un nouveau gouvernement provisoire qu’elle tolèrerait n’aura pas organisé des élections libres, non confessionnelles et débouchant sur un nouveau pouvoir exempt de corruption et qui satisferait les revendications d’emploi et de justice sociale que les insurgés ont mis en avant. Le NPA s’associe à la peine des nombreux morts qu’a subi le mouvement populaire irakien, et lui apporte sa pleine solidarité dans sa lutte de longue haleine pour atteindre ses objectifs de justice, face à la détermination de ses nombreux ennemis et aux pièges qu’ils lui tendront.

 

Au Liban, le soulèvement populaire contre une taxe internet inique en octobre 2019 s’est également transformée presqu’immédiatement en révolte contre la structure confessionnelle du pouvoir rassemblant les populations de toutes origines et de tout le pays. L’un des slogans phares du mouvement (« Tous, ça veut dire tous ») a illustré que la remise en cause des politiques économiques néolibérales et la corruption débouchait sur une dénonciation de l’ensemble des représentants du système confessionnel mis en place après la guerre de 1976 sous inspiration historique de l’impérialisme français. 

Ce mouvement marqué par l’entrée en scène massive des femmes des jeunes et par un remarquable bouillonnement culturel, a pu imposer la démission du gouvernement. En même temps, les classes populaires au Liban ont fait face une crise économique toujours plus grave, avec des restrictions bancaires draconiennes et une perte de plus de 60% de la valeur de la monnaie nationale. 100 jours de contestations de rue permanentes se sont traduits par une radicalisation populaire, comme en témoigne l’augmentation des attaques contre le siège de la Banque du Liban et d’autres banques privées, et des affrontements de plus en plus violents avec les forces répressives. Nous affirmons notre solidarité avec la lutte du peuple libanais contre la répression, contre le système confessionnel corrompu et pour ses droits sociaux et démocratiques.

 

En Syrie, depuis mars 2011 et le soulèvement démocratique contre le tyran Bachar al-Assad, la population syrienne a subi une guerre totale menée par le dictateur et ses alliés, au premier rang desquels la Russie de Poutine et l’Iran des mollahs. Les difficultés rencontrées par le soulèvement, la militarisation imposée par le régime et les ingérences intéressées des monarchies du Golfe, ont en outre favorisé le développement des forces intégristes et djihadistes, tandis que les forces démocratiques étaient abandonnées.  Les puissances occidentales ne se sont intéressées qu’à une seule chose : l’anéantissement de l’Etat Islamique avec un mépris total de l’ensemble des populations et, comme on l’a vu récemment, même de leurs alliés kurdes. Le régime syrien a ainsi réussi à reprendre le contrôle d’un fantôme de pays. 

A l’été 2019 il restait trois régions qui échappaient à son emprise : celle d’Idleb au nord, où ont été concentré trois à quatre millions de syriens anti-Assad de toutes tendances mais dont les intégristes islamistes se sont quasiment accaparé le monopole des armes ; la région majoritairement kurde à la frontière turque, dite Rojava ou Fédération du Nord-Ouest de la Syrie, sous le contrôle le du PYD/PKK et de ses alliés au sein des Forces Démocratiques Syriennes ; Et la plus vaste région du Nord-Est reprise à l’EI/Daesh par la coalition des puissances occidentales et des FDS, dont les richesses pétrolières intéressent particulièrement les USA. Au-delà de fortes tensions entre eux, les régimes turc et syrien n’ont cessé de chercher un accord minimal, sous l’égide du « parrain » russe Poutine, pour écraser l’un le Rojava, l’autre la région d’Idleb qu’ils considèrent chacun comme dangereux pour leur pérennité. C’est ainsi que, pendant qu’Erdogan a envoyé l’armée turque et ses obligés syriens envahir le Rojava et tenter d’en finir avec l’expérience de « confédéralisme démocratique » développée par le PYD avec les FDS, Assad et l’aviation russe écrasent la région d’Idlib sous les bombes et la dévorent peu à peu, sous les yeux indifférents de la « communauté internationale ».

Pour nous, la fin de la tragédie syrienne passe par l’arrêt immédiat des offensives militaires dans ces régions, l’arrêt des bombardements, la fourniture massive d’aide humanitaire d’urgence aux populations civiles en détresse totale et le refus de tout déplacement forcé de populations. Cela implique la fin de toute intervention militaire étrangère, y compris russe et iranienne, l’arrêt des ventes d’armes aux dictatures de la région et le blocage des mouvements financiers internationaux de leurs dirigeants y compris les dirigeants turcs, et l’ouverture des frontières européennes aux réfugiés syriens. Enfin tout scénario d’avenir et de reconstruction exige la mise à l’écart d’Assad et des dirigeants du régime syrien, et la reconnaissance du droit du peuple kurde à son autodétermination en Syrie comme en Turquie, en Irak et en Iran. Le NPA continuera à soutenir les résistances démocratiques syrienne et kurde contre tous leurs oppresseurs !

 

Au Yémenun enfant meurt toutes les 10 minutes. La pire crise humanitaire du monde, selon l’ONU. C’est le triste bilan des cinq années de guerre lancée par Mohammed ben Salmane (MBS), le nouveau maître de l’Arabie saoudite. Et la France poursuit ses ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats, se rendant complice de crimes de guerre. Le peuple yéménite s’était soulevé en 2011 contre l’autocratie et la misère. Mais la résistance des piliers du régime, même divisés, et l’intervention des monarchies du Golfe et de l’Iran avec chacun leurs alliances locales, ont fait payer au peuple yéménite le prix de cette guerre. Bombardements ciblés sur les réservoirs d’eau, les centrales électriques, les hôpitaux, les zones de stockage de denrées, blocus aérien et maritime d’un pays qui, plus que jamais, est dépendant de l’aide alimentaire internationale : tout est fait pour rendre insupportable la vie quotidienne des Yéménites, pour les affamer, les priver d’eau potable, rendre hors de prix les denrées ­alimentaires et les soins de base.  En France, il est plus qu’urgent que les mouvements progressistes se mobilisent pour l’arrêt des ventes d’armes et de toute relation privilégiée avec les monarchies absolutistes et ultra-réactionnaires de la région.

 

En Palestine, le « plan Trump » concernant, pompeusement baptisé « Deal of the Century » (« Accord du siècle ») pour le Proche-Orient, est immédiatement apparu pour ce qu’il est : un plan de reconnaissance du fait accompli colonial, avec un alignement total sur les positions de la droite israélienne. Le fait qu’il soit rejeté par l’ensemble des forces palestiniennes et par la Ligue arabe n’est pas surprenant, tant le contenu de ce « plan » est outrageusement favorable à Israël et piétine l’ensemble des droits nationaux des PalestinienEs.

Sur les questions de territoire, les choses sont très claires : « l’État » palestinien proposé par Trump se compose de petits bouts de territoires, fragmentés, sans continuité et souvent sans contiguïté, qui font immanquablement penser aux bantoustans de l’Apartheid sud-africain. D’autre part, « Jérusalem demeurera la capitale de l’État d’Israël, et restera une ville non divisée ». Dans la continuité de la décision de déplacer l’ambassade US à Jérusalem en novembre 2017, totalement contradictoire avec le droit international, le plan Trump entérine le caractère irréversible de l’annexion de la ville. Et il va même un peu plus loin en affirmant que c’est à l’État d’Israël d’assurer la protection de l’ensemble des lieux saints, et donc d’y exercer une pleine souveraineté.

Une chose est certaine : le plan Trump est certes rejeté par les PalestinienEs, mais il va servir de caution à une accélération des politiques coloniales israéliennes, avec notamment une rapide annexion des blocs de colonies et de la vallée du Jourdain. Des décisions qui vont entériner encore un peu plus une réalité que certains continuent de refuser de voir, à l’image de la France qui, en réaction au plan Trump, s’est contentée de rappeler son attachement à la « solution à deux États » : il n’y a, dans les faits, qu’un seul État entre la mer Méditerranée et le Jourdain, qui tolère en son sein quelques « zones autonomes », dans la mesure où celles-ci ne sont pas facteurs de déstabilisation. Il ne fait guère de doute que la page de la lutte « pour un État palestinien indépendant au côté d’Israël au terme d’un processus négocié » est définitivement tournée. 

Les PalestinienEs auront besoin d’un puissant mouvement de solidarité internationale dans leur combat contre le régime d’apartheid israélien. Plus que jamais nous devons affirmer notre solidarité avec le peuple palestinien, exiger la libération de ses emprisonnés et dénoncer l'État d'Israël qui lui impose sa domination coloniale et qui doit être sanctionné et rendu comptable de ses crimes et spoliations. C’est notamment le sens de la campagne BDS (Boycott-désinvestissement-sanctions), qui doit elle-même être défendue contre la criminalisation qu’elle subit de la part des gouvernements occidentaux. 

 

Vive l’alliance internationale des peuples pour une humanité débarrassée de l’exploitation capitaliste et de toutes les oppressions, en paix avec son environnement !