Publié le Samedi 23 septembre 2023 à 08h00.

À Mayotte, l’État français ajoute à l’incurie

La vie des Mahorais se détériore de jour en jour. La pénurie d’eau vient amplifier les difficultés déjà énormes sur l’île, aggravées encore par l’opération Wuambushu qui continue jusqu’en décembre.

 

«La situation est rétablie », selon Darmanin pour qui « l’opération Wuambushu à ce jour a permis la démolition de 400 habitats, l’arrestation de 1 327 individus plus ou moins suspects pour la police et la gendarmerie (!). Les violences physiques ont baissé de 21 %. Le 7 septembre, 6 kwassas-kwassas ont été interceptés et 164 personnes placées en GAV. » Aujourd’hui le préfet annonce « 6 nouveaux décrets d’éradication de bidonvilles », soit la destruction de nouveaux bangas sans proposition de relogement. Pourrir la vie des migrantEs jusqu’à ce qu’ils partent d’eux-mêmes, ou bien ils seront expulséEs, c’est la politique de ce gouvernement !

Après Wuambushu, des gendarmes devant les écoles

Pas d’argent pour du logement social. Mais pour le quadrillage militaire de l’île, il y en a ! Le préfet se réjouit de la présence pérenne de 7 compagnies de gendarmerie. L’une d’entre elles sera en stationnement permanent devant le lycée polyvalent G. Eiffel à Kahani, « cet escadron arrive avant le début des troubles pour protéger les élèves et les professeurs et permettra de lutter contre l’immigration illégale, l’économie informelle et le travail au noir, menaçant la stabilité régionale » Accueil chaleureux garanti pour les 2 400 lycéenEs ! En cette rentrée, d’après la Défenseure des droits, 15 000 enfants n’ont pas pu accéder à l’école !

La pénurie dramatique d’eau : incurie et corruption

La crise de l’eau n’est pas nouvelle, depuis 2016 l’administration a instauré des « tours d’eau ». Ainsi à Mamoudzou depuis deux ans les habitantEs étaient privéEs d’eau deux jours par semaine de 17 heures à 7 heures du matin. Depuis septembre, c’est pire, il y a une coupure d’eau chaque nuit. Dans les villages de brousse, les villageoisEs n’ont de l’eau qu’1 jour sur 3. Pour raison sanitaire, il n’y a pas eu de rentrée scolaire dans certaines zones. Les technicienEs de la SMAE (Société mahoraise des Eaux) estiment que 40 % de la production d’eau est perdue dans les fuites du réseau. Il n’y a ni entretien ni nouvel investissement. Une partie du budget pour l’eau est détourné, plusieurs élus ont été condamnés pour détournement de fonds publics ou prise illégale d’intérêts.

Le soulèvement des Mahorais

Les Mahorais les plus riches fuient vers la Réunion ou la métropole, ne restent de plus en plus que celles et ceux qui ne peuvent aller nulle part ailleurs. Devant tant d’injustice et de mépris, les habitantEs des quartiers s’organisent. Soutenus par la CFDT et la CGT, ils et elles sont descenduEs dans la rue en exigeant toute la lumière sur les détournements des fonds publics, ont annoncé le gel des paiements des factures d’eau tant que la distribution n’est pas pleinement rétablie. Ils exigent immédiatement deux bouteilles d’eau gratuite par jour et par famille et le déclenchement par l’État d’un plan ORSEC comme pour les catastrophes naturelles. Ils ont un besoin immense de notre solidarité et de notre soutien politique.