Publié le Jeudi 15 décembre 2022 à 08h00.

Répression, torture et peur au Nicaragua : les armes de la dictature Ortega/Murillo

Si vous vous rendez au Nicaragua, vous ne trouverez personne pour critiquer le gouvernement. Toute critique risque de vous conduire à « El Chipote », prison tristement célèbre sous la dictature de Somoza et remise au goût du jour par le couple Ortega/Murillo.

Après le soulèvement populaire de 2018, la répression s’est accentuée. La dictature du couple Ortega/Murillo contrôle désormais tous les moyens de communication ; télés, radios, journaux un tant soit peu critiques sont fermés, leurs locaux confisqués et les journalistes en prison. Tout contestataire est considéré comme « agent de l’étranger » ou « traitre à la patrie » et risque la prison, la torture et plusieurs années de prison à l’exemple de Hugo Tores, ancien commandant de la révolution mort en prison le 12 février 2022 par manque de soins ou de la commandante Dora Maria Téllez, à l’isolement depuis juin 2021, privée de lumière, de lire, d’écrire, de nourriture parfois, visites de sa famille tous les 2 mois.

Ni socialiste ni anti-impérialiste

Le CSPN (Collectif de solidarité avec le peuple du Nicaragua) se bat contre ce régime qui n’a rien de socialiste ou d’anti-impérialiste, contrairement aux dires d’Ortega (qui vient de recevoir les félicitations du FMI pour sa politique économique !). Dernièrement le collectif a réuni plusieurs centaines de signatures, dont les trois porte-parole du NPA, pour demander la libération de Dora Maria Téllez qui vient de recevoir le doctorat honoris causa de la Sorbonne. Il y a eu également un concert de soutien et un débat avec l’ancien directeur de Barricada1, aujourd’hui en exil.

Actuellement ce sont plus de 300 prisonnierEs qui sont retenus dans les geôles de la dictature : militantEs des droits humains, syndicalistes, journalistes, prêtres, candidats déclarés à la présidentielle empêchés de se présenter. Et depuis plus d’un an le régime cible particulièrement les anciens dirigeants sandinistes qui ont rompu avec le Front sandiniste de libération nationale (FSLN).

Liquider ceux qui gênent

Hugo Torres et Dora María Téllez sont parmi les principales figures de la lutte pour la démocratie et la justice sociale au Nicaragua depuis plus de quarante ans.

Hugo Torres faisait partie du commando qui, en 1974, avait obtenu la libération d’une vingtaine de prisonniers sandinistes, parmi lesquels… Daniel Ortega ! Dora María Téllez a rejoint à 20 ans le FSLN dans la guérilla contre la dictature de Somoza. En 1979, c’est elle qui, à 23 ans, dirigera l’offensive pour prendre León, la première ville libérée du pays.

Auparavant, tous deux auront codirigé la prise du Palais national du Nicaragua en 1978 qui a permis la libération de 60 prisonnierEs politiques de l’époque.

Après le renversement de la dictature de Somoza, Hugo Torres a été un responsable de l’armée populaire sandiniste. Dora Maria a été vice-présidente du Conseil d’État, députée et ministre de la Santé. En 1995, en raison de la dérive autoritaire de Daniel Ortega, elle a quitté le FSLN avec nombre de dirigeants sandinistes.

Des inquiétudes pour nombre de prisonnierEs

Si les condamnations prononcées à ce jour vont de 7 à 13 ans d’incarcération, le cas d’Oscar René Vargas est à souligner : il risque 30 ans de prison pour « conspiration pour saper l’intégrité nationale ».

Ce sociologue, ancien conseiller de la direction du FSLN dans les années 1980, est économiste et historien et, jusqu’à son arrestation, il dénonçait la grave crise économique, sociale et politique que traverse le pays et la responsabilité du régime d’Ortega dans cette crise et dans l’émigration forcée de milliers de NicaraguayenEs.

Un appel international a été lancé pour sa libération et celle des autres prisonnierEs politiques.