Publié le Mercredi 29 juin 2022 à 20h00.

Marche des fiertés : « Faire front », une politique unitaire, une stratégie lutte des classes

Samedi 25 juin plus de 50 000 personnes ont défilé à Paris, à l’appel de l’Inter-LGBT, de Porte dorée à République. Au début de la manifestation, nous avions fait le choix de constituer pour la deuxième année consécutive le « Pôle des Luttes » avec l’association FierEs, le collectif Féministes révolutionnaires et le Strass, le syndicat des travailleuses et travailleurs du sexe, derrière une banderole commune « LGBTQI : faisons front ».

Si nous avons voulu constituer ce pôle, c’est d’abord en faisant le constat d’une analyse commune de la situation politique. Les dernières semaines ont illustré ce constat, que ce soit avec l’élection, pour un deuxième mandat, de Macron, président de la précarisation des travailleuses et des travailleurs, de la répression violente et de l’instauration d’une panoplie de lois renforçant le racisme d’État. Contrairement à ce que l’on tend parfois à nous faire croire, les LGBTI sont majoritairement des travailleuses et travailleurs, le plus souvent précaires, ne sont pas tous blancs, subissent aussi le racisme. Que ce soit avec l’élection des 89 députés du RN, ou avec la décision de la Cour suprême des États-Unis de revenir sur l’arrêt Roe vs Wade, qui permettait aux femmes de pouvoir avorter dans tous les États, ou encore de l’attaque de la boîte de nuit gay à Oslo, c’est l’ordre moral et le retour à la réaction qui marquent cette situation politique, et c’est face à cette situation que nous avons besoin plus que jamais de « faire front », de reprendre le chemin des luttes, pour renverser le ­rapport de forces.

Pinkwashing, police et macronisme, mais que fait l’Inter-LGBT ?

Le mouvement LGBTI est quant à lui à un carrefour. Le réformisme et le lobbyisme utilisé par l’inter-LGBT ont montré leur inefficacité alors que, de l’autre, la course à la radicalité sans stratégie réelle n’a pas été beaucoup plus efficace. Nous avons fait le choix de défiler dans cette Marche des fiertés tout en ayant conscience de ses très nombreuses faiblesses. Nous l’avons dit dans notre appel commun comme à de nombreuses reprises, le pinkwashing utilisé par le capitalisme et par des entreprises qui nous exploitent et nous oppriment n’a rien à faire dans nos luttes. De même, laisser défiler le FLAG, une association de membres de la police, est une honte quand il est de plus en plus visible que la police tue, qu’elle violente, qu’elle est le bras armé du système qui nous opprime. Enfin, l’Inter-LGBT a fait le choix de laisser défiler un char macroniste comme s’il n’y avait que des divergences d’opinions entre différentes composantes d’un même mouvement.

Nous le réaffirmons : notre mouvement est celui des oppriméEs et des exploitéEs. Mais nous avons fait ce choix car nous nous adressons à l’ensemble des LGBTI qui viennent à cette Pride, qui majoritairement font partie des exploitéEs. Nous refusons de laisser la Pride devenir de moins en moins politique. Au contraire, nous pensons que le mouvement LGBTI est à un tournant et que nous pouvons réussir à tourner l’ensemble du mouvement dans la lutte contre le gouvernement, contre l’extrême droite et le ­fascisme, contre le capitalisme.

Unifier pour faire front

La proposition du pôle des luttes est donc claire : il s’agit de proposer à l’ensemble du mouvement LGBTI de faire front ensemble et de construire l’unité des luttes. Bien sûr, cette politique unitaire est encore faible malgré la réussite de ce pôle deux années de suite. De nombreuses composantes ne veulent pas de cette unité. Pourtant, la seule stratégie pour gagner consiste à unifier nos luttes pour renverser le rapport de forces et à terme renverser le système capitaliste. Faire une manifestation n’est pas suffisant, ni même deux ou trois. Nous devons faire reculer les réactionnaires et gagner. Car les mobilisations LGBTI ne sont pas uniquement une question d’égalité des droits, c’est bien plus profond, il s’agit de modifier entièrement les rapports de genre et de sexualité et cela fait partie intégrante d’un projet de société émancipatrice. Dans les prochains jours, nous verrons comment nous poursuivrons le pôle des luttes avec l’ensemble de ces composantes, mais nous savons déjà que nous ferons front.