Publié le Vendredi 21 juillet 2023 à 19h00.

Un plan gouvernemental contre les LGBTIphobies complètement vide

On ne s’attendait à rien et on est quand même déçuEs. Telle est notre réaction en découvrant le « Plan national pour l’égalité, contre la haine et les discriminations anti LGBT+ (2023-2026) » présenté par la ministre Isabelle Lonvis-Rome, le 10 juillet 2023.

Hormis une mise à jour de formulaires administratifs pour inclure les couples homoparentaux, le gros des actions consiste en de la formation des personnels de différents secteurs et corps de métiers (police, santé, culture, etc.) aux LGBTIphobies. Il s’agira de leur apprendre pourquoi discriminer « c’est mal », et pourquoi inclure les personnes LGBTI « c’est bien ».

Un plan en retrait par rapport au précédent

Le Plan 2023-2026 qui succède au Plan 2020-20231 est bien en retrait par rapport à ce dernier, qui n’allait pas assez loin lui non plus. Ainsi, nous passons de 42 actions couvrant les différents champs des questions LGBTI à seulement 16. Dans le domaine de la santé, le précédent plan voulait s’engager pour permettre des prises en charge gynécologiques respectueuses des lesbiennes et des bies, une « prise en charge respectueuse des droits des personnes trans dans leurs parcours de transition », des actions contre la sérophobie aussi bien à l’hôpital qu’à destination des banques et assurances… Dans le plan 2023-2026, il est annoncé simplement une intégration d’un « module de formation aux enjeux d’inclusion des personnes LGBT+ et de lutte contre la haine anti-LGBT+ aux parcours d’études de santé ».

Personnes trans, grandes absentes du plan

Là où le plan Moreno de 2020 avançait un certain nombre de préconisations au sujet des personnes trans, celles-ci sont les grandes absentes du plan de 2023. Or, les personnes trans sont aujourd’hui les premières cibles de la contre-offensive réactionnaire. Les attaques transphobes ont augmenté de 27 % en un an selon le rapport 2023 de SOS Homophobie2. Il ne se passe pas un mois sans qu’une tribune transphobe paraissedans la presse. Les structures qui accompagnent les personnes trans comme le Planning familial sont elles aussi prises pour cible.

Et les activistes anti-trans sont accueillis à bras ouvert au Sénat par Les Républicains dans le cadre de leur groupe de travail sur la « transidentification des mineurs »3 ou à l’Assemblée nationale par Renaissance4. L’oubli des personnes trans est peut-être bien volontaire au final. Il s’agirait alors de donner des gages à LR (avec qui Macron prévoit de gouverner à partir de la rentrée) et aux réactionnaires…

Rien sur les personnes intersexes

Dans ce plan, il n’y a rien non plus concernant les personnes intersexes qui continuent à être mutilées à leur naissance, ni sur les exiléEs LGBTI. Le ministère prétend avoir co-construit son plan avec les associations ; ces dernières dénoncent à juste titre une « mascarade »5, avec un arbitrage final qui a écarté l’essentiel de leurs revendications.

Quoi qu’il en soit, ce pseudo-plan illustre que nous n’avons rien à attendre de ce gouvernement. Il n’y a rien pour répondre aux attaques actuelles, illustrées par l’attentat contre le Centre LGBTI de Tours dont le caractère homophobe n’a pas été retenu par le Parquet !6 Les droits que nous préserverons et ceux que nous gagnerons, nous ne les arracherons que par la lutte. Plus que jamais, il y a urgence de (re)construire un mouvement LGBTI de masse, inclusif, démocratique, radical, qui tisse des liens avec les mouvements féministes, syndicats, associations, collectifs, partis, etc., pour dégager Macron, bloquer l’extrême droite et en finir avec ce système d’exploitation et d’oppression.