Publié le Mercredi 30 juillet 2014 à 23h59.

Gouvernement : stopper les pompiers pyromanes

En interdisant une nouvelle fois la manifestation parisienne du samedi 26 juillet contre l’offensive sur Gaza, le gouvernement essaye de diviser et minoriser le mouvement de solidarité. En s’attaquant à certains organisateurs et en particulier au NPA, il intensifie son soutien à l’État d’Israël.

Àl’appel du Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens et des organisations de jeunes palestiniens, la manifestation du mercredi 23 juillet avait rassemblé plus de 20 000 personnes sans aucun incident. Pourtant le gouvernement a une nouvelle fois interdit celle du 26 juillet appelée initialement par les mêmes organisations, hormis le PCF, la CGT et la LDH.

Qui trouble « l’ordre public » ?Le prétexte est toujours le fameux « risque de trouble à l’ordre public » puisque, selon la préfecture de Paris, « les conditions de sécurité » n’étaient pas réunies... Des arguments qui permettent ainsi de s’attaquer à un droit élémentaire : celui de s’exprimer. Mais, comme la première, cette nouvelle interdiction passe mal et les critiques se font entendre jusque dans la majorité. Surtout que la preuve est faite : des centaines de manifestations se sont déroulées et seules celles interdites ont connu des incidents. L’interdiction crée plus de désordre que l’autorisation. Mais encore une fois, samedi, des milliers de personnes ont bravé cette interdiction et sont venues exprimer leur solidarité.

Rupture et alignement sur IsraëlLe soutien explicite du gouvernement Hollande-Valls à la politique de l’État d’Israël est une véritable rupture. Depuis Mitterrand et Chirac, tous les présidents, Sarkozy compris, ont défendu la même chose : une solution avec deux États, sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem pour capitale. Soit une condamnation de la colonisation et de l’occupation israélienne et l’appel à la relance du processus de paix. Avec son communiqué défendant le droit d’Israël à se défendre, sans évoquer les Palestiniens ni le droit international, Hollande a une nouvelle fois choisi la voie réactionnaire. Au vu de cette position, une trentaine de députés PS se sont publiquement démarqués du gouvernement en signant un texte « Pour la paix et la justice au Proche Orient », reprochant à Hollande son soutien à l’État d’Israël et appelant pour certains à manifester le mercredi 23 juillet, rompant ainsi avec une décision du PS prise en 1974, celle de ne participer à aucune manifestation sur ce conflit.

Aucune leçon à recevoir de ce gouvernement !Mais le plus dégueulasse, c’est encore d’amalgamer le mouvement de solidarité et l’antisémitisme. Dans un entretien avec des journalistes rapporté par le Parisien, Valls a indiqué que les écologistes et l'extrême gauche « un problème avec Israël », et que pour lui « Ce ne sera pas le NPA qui gagnera. Ce seront les salafistes »... Au lendemain de la manifestation du 26 juillet, Le Foll, porte-parole du gouvernement (la voix de son maître...), aurait constaté « qu’on a jamais entendu de la part d’organisations politiques comme le NPA une condamnation ferme des propos qui ont été tenus et qui sont contraires à tous les principes républicains. C’est assez déplorable ». Le mouvement de solidarité n’a aucune leçon à recevoir de ce gouvernement sur la lutte contre les discriminations, le racisme et l’antisémitisme. Aucune leçon à recevoir d’un gouvernement qui recule sur le droit de vote des étrangers et stigmatise notamment les Roms, qui recule devant les Manifs pour tous sur la PMA ou sur l’ABCD de l’égalité. Ce qui est « déplorable », c’est qu’en convoquant au tribunal notre camarade Alain Pojolat pour organisation de manifestations interdites, c’est toute la solidarité qui est criminalisée. Ce qui est « déplorable », c’est que ce gouvernement reprenne la rhétorique des dirigeants d’Israël, et déplace un conflit politique sur le terrain religieux. Alors oui, nous avons un problème avec l’État d’Israël – et avec ce gouvernement – mais en aucun cas avec les Juifs. Et notre colère, comme notre solidarité avec le peuple palestinien, sont bel et bien légitimes !

Sandra Demarcq