Publié le Jeudi 6 janvier 2022 à 08h00.

L’urgence de l’émergence d’une gauche anticapitaliste et révolutionnaire

Dans la nuit du 3 au 4 janvier, c’était la débandade au Palais Bourbon : le gouvernement souhaitait faire passer en force le pass vaccinal lors d’un débat nocturne… mais les députés LREM n’étaient pas assez nombreux dans l’hémicycle pour l’imposer. Un épisode symptomatique d’un pouvoir fragilisé politiquement qui souhaite mener sa politique au forceps.

Alors que règne cette cacophonie, les hôpitaux sont débordés, entrainant des décès, liés ou non au covid, tandis que le « forfait urgences » va réduire l’accès aux soins des classes populaires (lire page 9). Les écoles sont impactées par la généralisation du variant Omicron, avec un nombre incalculable de classes fermées (dans la Sarthe, par exemple, 7,7 % des personnels du premier degré étaient touchéEs le 4 janvier, avec 104 non remplacéEs sur 757 écoles), démontrant la pénurie de moyens et de personnels de remplacement. Des difficultés qui pourraient rapidement s’étendre à d’autres services publics. Et ce sont les classes populaires qui paient tant les mesures autoritaires que la pénurie.

Services publics décomposés et augmentation des prix en perspective

Les difficultés du monde du travail se ressentent aussi sur la question salariale. Des mobilisations ou négociations ont eu lieu dans les entreprises et ont parfois abouti à des augmentations de salaires. À la SNCF, dans l’hôtellerie1, pour les sages-femmes, à Leroy Merlin (65 euros pour touTEs, soit 3,9 % d’augmentation, après 10 jours de grève), chez STMicroelectronics, chez Cora, Transdev, dans des cliniques privées…

Mais globalement les augmentations des prix sont subies. Le SNUipp-FSU dénonce ainsi une inflation de 6 % entre 2017 et 2021, qui n’a pas du tout été répercutée sur les salaires, le syndicat revendiquant une augmentation de 300 euros net.

Pour l’INSEE, l’inflation s’est établie à 2,8 % en 2021, des économistes prévenant d’une « inflation robuste » et avertissant : « La répercussion des hausses de prix au consommateur est plus devant nous que derrière nous »2. Ikea augmente ainsi, fait symptomatique, ses prix de 9 % en moyenne..

Le 27 janvier, un objectif capital

La réponse du mouvement ouvrier est la grève du 27 janvier appelée par la CGT, FO, la FSU, Solidaires, la Fidl, le MNL, l’Unef et l’UNL, pour les salaires et pour l’emploi. Une réponse limitée, mais qui peut être un encouragement pour les mobilisations actuelles sur les salaires et contre les suppressions de postes. Nous devons tout faire pour que cette journée contribue à bousculer le calendrier politique actuel et en particulier l’élection présidentielle.

Il s’agit en effet de faire le lien entre les mobilisations, la construction des grèves, dans les quartiers populaires, dans les entreprises et dans la jeunesse, et la campagne électorale qui ne peut apporter de solution à la crise du système. Le NPA avance ainsi dans cette situation la nécessité de partager le temps de travail pour supprimer le chômage et réorganiser la production démocratiquement et en fonction des besoins réels, un million d’embauches dans les services publics, à commencer par l’éducation et la santé, et aussi l’exigence d’augmenter les salaires de 400 euros pour un revenu minimum de 1 800 euros net.

Une gauche sans perspective

Ces dernières semaines, les réactions de la gauche politique à la situation dramatique que nous vivons ont été en-dessous de tout : à l’opposé de tirer les bilans des participations gouvernementales, loin d’en appeler à l’unité d’action contre Macron, la droite et l’extrême droite, le PS et Christiane Taubira en appellent à une unité pour tenter de revenir aux affaires…

Le PCF et La France insoumise, de leur côté, se sont fait l’écho de la polémique nationaliste autour de la présence du drapeau européen sous l’Arc de Triomphe. Jean-Luc Mélenchon déclarant être choqué et rappelant que, depuis Sarkozy, « il y a quand même un décret qui interdit de pavoiser sans les couleurs nationales ».

Une gauche anticapitaliste et unitaire est nécessaire

Le chaos à gauche ne sera pas résolu par ces différentes organisations dont la préoccupation est avant tout de conserver leurs appareils. Que ce soit pour le PS (avec ses deux candidates potentielles…), le PCF, la FI ou les Verts, l’objectif est d’obtenir un score à la présidentielle permettant d’assurer la conservation de son organisation et de maintenir un nombre de députéEs conséquent.

Là où les enjeux de la période sont de reconstruire une gauche de combat, capable de répondre à la catastrophe écologique et sanitaire, de reconstruire un rapport de forces et les luttes du monde du travail, de donner confiance, nous avons, plus que jamais, besoin d’un courant indépendant des institutions.

C’est tout l’enjeu de la campagne de Philippe Poutou. Plus notre campagne aura de l’écho et plus notre score sera élevé, plus nous serons en position de peser pour qu’existe une alternative, basée sur la construction des luttes, indépendante des institutions, pour renverser le capitalisme. Une tâche essentielle, qui passe dans l’immédiat par la recherche et l’obtention des parrainages administratifs, qui permettront l’existence effective de cette candidature.

  • 1. Voir par exemple Laurence Girard, « Hôtellerie-restauration : accord pour une revalorisation moyenne des salaires de 16 % en 2022 », lemonde.fr, 21 décembre 2021.
  • 2. Béatrice Madeline, « L’espoir d’une inflation ponctuelle s’éloigne », lemonde.fr, 4 janvier 2022.