Publié le Vendredi 20 juin 2014 à 08h00.

Urgences des hôpitaux : l’austérité comme remède !

Martin Hirsch, le directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), vient de présenter « une stratégie globale d’amélioration des urgences »...

Selon ce rapport, le délai moyen d’attente aux urgences serait actuellement de quatre heures. Ces statistiques cachent la situation pénible vécue chaque jour par des milliers de patients et de soignants, des attentes dépassant huit heures, des urgences saturées à 300 % de leur capacité d’accueil. Ce rapport omet d’expliquer une des raisons de l’affluence croissante aux urgences (1,1 million de personnes en 2013 à l’AP-HP, + 2,1 % par an) : la pauvreté s’accentue, la médecine de ville est inaccessible et payante pour beaucoup malgré la CMU. Martin Hirsch, qui prétend régler une crise grave, ne fait qu’appliquer aux urgences des dispositions prévues pour l’hôpital dans le cadre du Pacte de responsabilité afin de réaliser dix milliards d’économie en trois ans.

La casse continue !Le gouvernement veut réduire les durées d’hospitalisation : le rapport annonce une réorganisation des urgences pour que les patients soient hospitalisés plus rapidement « par une méthode de management des lits, en améliorant les conditions de sortie des patients pour ne pas neutraliser inutilement des lits par des sorties d’hospitalisation mal gérées ». Il veut aussi développer la chirurgie ambulatoire (des opérations dans la journée sans séjourner à l’hôpital) : le rapport met l’accent sur « la permanence des soins ambulatoires qui n’est pas optimale ». Le 15 (centre d’appel du SAMU) devra orienter les malades vers les médecins généralistes, et les maisons médicales de garde devront être renforcées. Les patients seront davantage dirigés vers la médecine libérale et s’ils ne peuvent faire l’avance des frais médicaux, pharmaceutiques… ils devront renoncer aux soins. « Des transformations architecturales seront réalisées pour s’adapter au flux des patients », et sans doute permettre ainsi de nouvelles fermetures d’urgences... Aucun budget, aucune embauche supplémentaire ne sont envisagés, mais « pour améliorer la qualité de l’accueil des bénévoles, médecins retraités et volontaires d’associations, seront intégrés en appui aux équipes professionnelles ». Toutes ces mesures, au profit de l’activité libérale et du privé, s’inscrivent dans la logique de la loi Bachelot aggravée par Marisol Touraine. Martin Hirsch soigne une image d’humaniste : il n’est en fait qu’un bon communiquant au service des casseurs de l’hôpital public !

S. Bernard