Publié le Mercredi 31 mai 2023 à 17h39.

Jean-Jacques Ughetto (1952-2022)

Jean-Jacques a eu le mauvais goût de mourir un 31 juillet… Ses camarades du syndicat de l’office HLM de Gennevilliers et du comité Palestine (AFPS) de la ville ont choisi la date du 3 mars 2023 pour lui rendre hommage. Cette date, celle de la Journée de la Terre en Palestine, était en effet tout indiquée pour notre camarade et ami qui a consacré une bonne part de son énergie militante au soutien aux luttes du peuple palestinien.

Pour ce militant internationaliste, cette solidarité avec un peuple subissant une colonisation impitoyable et auquel les élites et bourgeoisies « occidentales » dénient le simple droit à résister, était un devoir incontournable.

Courant marxiste-révolutionnaire dit « pabliste »

Dans la foulée de 1968, il avait rejoint le courant marxiste-­révolutionnaire dit « pabliste », issu d’une scission de la IVe Internationale. Avec eux, il adhère au PSU où il participe activement à l’action antimilitariste avec IDS. Lui et ses camarades sortent du PSU en 1984 quand la secrétaire nationale, Huguette Bouchardeau, entre au gouvernement Fabius et ils rejoignent plusieurs ­groupements dits autogestionnaires.

Avec Pablo, il adhère à la LCR en 1993, au comité de Gennevilliers où nous avons pu apprécier son énergie militante dans l’action antifasciste — il était un animateur du comité Ras l’front — et évidemment dans la solidarité internationaliste.

Une première rupture se produit en 1999 avec la guerre du Kosovo : il signe collectivement une lettre dénonçant la position de la LCR comme une soumission à l’Otan — position de soutien au peuple kosovar, résumée par « Ni Milosevic ni bombardements de l’Otan ».

Il finira par quitter la Ligue au début des années 2000, sur la pointe des pieds, le campisme ne l’entraînant cependant pas dans les dérives des derniers membres de ce courant pabliste qui finit par rejoindre Chevènement.

Après un premier AVC, il a cessé son activité professionnelle en 2010 et s’est replié vers sa ville d’origine, Trappes. Isolé, il finira par se rapprocher du Front de gauche d’abord, puis du PCF — mais sans perdre ses convictions ­révolutionnaires et antistaliniennes.

Même diminué physiquement, il a continué inlassablement et jusqu’au bout son soutien aux PalestinienEs par son activité dans l’AFPS.

Alors qu’il était hospitalisé en juillet dernier, les soignantEs ont rapporté à sa famille qu’au moment de son transport dans un service d’urgences, où il mourut 2 heures plus tard, il les encourageait à résister à « ce con de Macron ».

Militant modeste, ennemi de la jactance révolutionnariste et des effets de manche, il avait l’estime de celles et ceux qui l’ont côtoyé. Ainsi, à sa mort, sont parvenus plusieurs messages de solidarité de militantEs palestiniens. Jean-Jacques, le combat continue !

Ses camarades de Gennevilliers