Publié le Samedi 8 juillet 2023 à 15h30.

Inaction des États face à la crise écologique

La prise de conscience par les États de la question environnementale ne date pas d’hier. Dès 1949, l’ONU, dominée par les pays du Nord, organise à New York la première conférence scientifique sur la conservation et l’utilisation des ressources avec l’idée de faire face à l’appauvrissement probable des ressources.

Si la croissance économique restait la préoccupation principale, les questions environnementales étaient soulevées, documentées et débattues. Puis le réchauffement climatique commence à inquiéter. Ainsi, la Conférence de Stockholm en 1972, le Sommet de la Terre à Rio en 1992, la première COP à Berlin et la 28e à Dubaï en novembre 2023, s’inscrivent dans les ­agendas mondiaux.

Les scientifiques du monde entier planchent sur à peu près tous les domaines concernant la crise écologique : réchauffement du climat, raréfaction des ressources (en particulier de l’eau), acidification et réchauffement des océans, chute de la biodiversité. Autant dire que l’inaction climatique des gouvernements des principaux pays pollueurs ne vient ni d’un défaut de conscience des problèmes ni d’un manque de connaissances.

Ces États ont même promis en 2015, à Paris, de maintenir la hausse des températures sous les 2 °C voire 1,5 °C par rapport à l’ère industrielle. La COP21 sortait les muscles et annonçait un changement. Depuis…

Les gouvernants s’enfoncent dans une adaptation au réchauffement, acceptant jusqu’à 4 °C de hausse de la température d’ici 2100. Ils sont incapables d’agir, car cela impliquerait de remettre en cause les bases mêmes du productivisme capitaliste. Ils préfèrent brûler la planète plutôt que renoncer aux profits.

Quant à la dette vis-à-vis des pays du Sud global, les moins responsables du réchauffement climatique mais les plus touchés par celui-ci, elle demeure l’occasion de beaux discours pleins de promesses, bien loin des nécessaires mesures de justice que ces pays réclament. Le tout récent Sommet pour un nouveau pacte financier est une étape de plus dans l’hypocrisie des pays riches qui n’ont pris, une fois encore, aucun engagement contraignant. Pourtant, les impacts du changement climatique sont exacerbés par les facteurs d’inégalités partout dans le monde. « La mortalité due aux inondations, à la sécheresse et aux tempêtes a été jusqu’à 15 fois plus élevée dans les pays du Sud au cours de la dernière décennie. Or ce sont ceux qui contribuent le moins aux émissions mondiales de GES [gaz à effet de serre]. » Ces impacts entraînent une vulnérabilité élevée pour plus de 3,6 milliards de personnes, notamment en Amérique latine, Afrique et Asie, vulnérabilité accentuée par le poids de la dette et les politiques de privatisation des services publics (de l’eau en particulier) imposées à ces pays par la Banque mondiale et le FMI.

Les pays du Sud global moins responsables, plus vulnérables, beaucoup plus impactés

Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), dans son dernier rapport, met en évidence les très grandes disparités entre les pays et intègre des éléments beaucoup plus détaillés sur les impacts régionaux du dérèglement climatique1. Le continent africain, qui pèse pour 3 % des émissions mondiales, est, de loin, le plus vulnérable.

Le World Weather Attribution, réseau mondial de scientifiques, a publié en avril 2023 une étude démontrant les conséquences des émissions humaines de gaz à effet de serre sur la sécheresse historique qui frappe la Grande Corne de l’Afrique (Éthiopie, Érythrée, Somalie, Djibouti, Kenya et Soudan) et menace la région d’une famine plus importante que celle de 2011 : 23 millions de personnes sont en « insécurité alimentaire aiguë ».

En Amérique du Sud et dans les Caraïbes, si la vulnérabilité est un peu moins prégnante, les ouragans, sécheresses et inondations, qui affectent considérablement les infrastructures énergétiques, les modes de transport et l’agriculture dans un contexte d’inflation croissante, menacent de faire basculer rapidement en insécurité alimentaire jusqu’à 5,8 millions de personnes.

En Amérique latine, Afrique subsaharienne et Asie du Sud-Est, on pourrait compter jusqu’à 143 millions de déplacéEs climatiques supplémentaires d’ici 2050.

Pourquoi parler d’inaction climatique ?

Les gouvernements maîtres du monde adoptent des plans, prônent des politiques inoffensives pour le système, inefficaces mais douloureuses socialement, voire aggravantes écologiquement.

Ils pérorent à propos de la science apte à sauver le climat. Les professeurs foldingues de la géo-ingénierie ont ouvert la foire aux gadgets insensés, présentés comme des solutions. L’important pour eux est de faire croire que la question du climat est sous contrôle.

Macron explique que le nucléaire peut sauver le climat. Comme si les centrales n’étaient pas au bout du rouleau. Comme si l’EPR de Flamanville, qui ne fonctionnera sans doute jamais, pouvait être reproduit. Comme si la raréfaction de l’uranium et l’extrême dangerosité du nucléaire n’existaient pas. De même pour le véhicule électrique ! Il est impossible de convertir à l’électrique tout le parc automobile thermique. Peu importe, le matraquage idéologique prend le relais de cette absurdité.

Le cynisme va jusqu’à nous persuader que nous sommes responsables. Taxes, amendes, interdictions. Les ZFE, énième dispositif de « fausses solutions », entrent en scène. Interdire la circulation des véhicules anciens, souvent moins polluants que de récents SUV ou 4×4 très lourds, participe à la culpabilisation individuelle, à stigmatiser les plus pauvres.

Mais… la Terre se soulève, la colère gronde !

Comprenant que la contestation de leur monde s’élargit, se renforce, prend de plus en plus la forme de la désobéissance, les gouvernements intensifient la répression, embastillent et criminalisent. Ainsi, la riposte brutale contre les manifestations syndicales et écolos, les gardes à vue, les poursuites judiciaires et la tentative de dissoudre le mouvement des Soulèvements de la Terre.