Publié le Dimanche 26 juin 2022 à 13h00.

Rencontre avec des militant·E·s ukrainien·nE·s des droits humains

Depuis la première Marche des fiertés de Kiev en 2012, petite et menacée, le mouvement pour l’égalité LGBTQI en Ukraine n’a cessé de croître, explique Edward Reese, militant non binaire qui s’est réfugié au Danemark quand la guerre a éclaté.

«L’année dernière, nous avons organisé des marches des fiertés à Kiev, ainsi qu’à Odessa et même dans les régions de Donetsk et Louhansk. Nous essayons d’impliquer tout le pays et de travailler avec une diversité de groupes LGBTQI et féministes ».

La guerre a causé des problèmes spécifiques

Avant l’invasion russe, le mouvement LGBTQI en Ukraine se concentrait sur l’introduction d’une loi sur les crimes de haine qui offrirait de meilleures protections juridiques à la communauté.

« Il existe plusieurs groupes transphobes et homophobes qui sont très liés à la Russie, à l’Église et à l’extrême droite », déclare-t-iel. « Et, de temps en temps, en particulier autour des élections, ils deviennent très actifs. J’espère que nous pourrons recommencer à travailler sur cette loi après la victoire. »

La guerre a causé des problèmes spécifiques à la communauté LGBTQI en Ukraine. Les femmes trans qui n’ont pas de reconnaissance légale de leur genre ont eu du mal à quitter un pays où tous les jeunes considérés comme hommes sont confrontés à la conscription. Reese est également préoccupé par le bien-être des personnes LGBTQI qui peuvent être confrontéEs à la discrimination et aux préjugés dans le foyer familial et qui sont désormais obligées de vivre avec leur famille.

« L’organisation "Pride" organise des activités pour les soutenir », déclare-t-iel. « Nous offrons un soutien psychologique à ceux qui sont contraints de demeurer dans des situations difficiles et qui sont séparés de ceux qu’ils aiment. »

« Nous marcherons à nouveau ensemble dans les Marches des fiertés »

Depuis le début de la guerre, un certain nombre de personnes LGBTQI ont subi des violences.

« Le 14 avril 2022, la défenseuse des droits humains Olena Shevchenko a été attaquée à coup de gaz lacrymogène dans les rues de Lviv par deux inconnus alors qu’elle apportait de l’aide humanitaire. Ils s’en vantaient dans les groupes d’extrême droite sur les réseaux sociaux. Mais cette attaque a mal été perçue par l’opinion publique, notamment parce que la population la considérait comme aidant les personnes dans le besoin. Cette attaque aurait été perçue comme un acte de folie avant la guerre. Le faire pendant une guerre est encore plus fou. »

Reese pense qu’il y a de l’espoir pour l’avenir de la communauté, notamment parce que l’homophobie et la transphobie sont désormais si étroitement associées à la Russie et au régime de Vladimir Poutine.

« Je sais qu’une grande partie de la haine LGBTIphobe disparaîtra parce qu’on est face à la Russie, c’est la politique "nazie" russe, et les gens lui tourneront le dos. Les personnes LGBTQI sont des soldats, nous nous battons pour notre pays et lorsque la victoire viendra, nous marcherons à nouveau ensemble dans les Marches des fiertés. »

Traduction Tarik Safraoui

Article original : https://bylinetimes.com/2022/04/27/this-war-shows-its-very-fragile-to-rely-on-force-meet-ukraines-human-rights-activists/

Sur Olena Shevchenko : https://www.frontlinedefenders.org/fr/case/woman-human-rights-defender-olena-shevchenkotear-gassed-lviv