Publié le Mercredi 28 juin 2023 à 10h48.

NPA : « Notre objectif est de construire le cadre d’organisation le plus utile aux exploité·E·s et opprimé·E·s »

Quels sont les enjeux de ce forum pour le NPA ?

Le mouvement social contre le recul de l’âge légal de départ à la retraite vient d’être une nouvelle fois l’occasion de montrer que la question politique dans son sens le plus large reste brûlante : quelle alternative au projet ultra-­libéral et autoritaire de Macron ? En commençant par s’interroger sur comment dénouer la question de l’organisation : quelle force, pour quoi faire et comment ?

Nous le voyons bien, il y a plus de militantEs et sympathisantEs qui partagent largement et mènent les combats contre ce système « dehors » qu’engagéEs dans le NPA tel qu’il est, il faut donc chercher à construire le cadre adapté pour que touTEs puissent s’y organiser. Pour nous, il n’y a pas de contradiction entre construire aujourd’hui le NPA et penser son dépassement, qui est nécessaire nous en sommes convaincuEs. Notre objectif reste, dans les coordonnées et les possibilités de la situation, de construire le cadre d’organisation le plus utile aux exploitéEs et oppriméEs.

Ce processus de forums est un outil pour avancer dans ce sens : vérifier les possibilités de construire avec d’autres, actuellement organiséEs ou non, en échangeant et en faisant des tests pratiques autour de campagnes.

De quel outil politique avons-nous besoin et quelles relations avec la Nupes sont possibles ?

Les six derniers mois montrent le besoin impérieux d’un outil à la fois radical et unitaire, démocratique et révolutionnaire, un outil qui soit capable d’intervenir et de peser sur tous les champs de la vie politique. Mais aussi un cadre de mise en commun des expériences, de la construction d’une compréhension collective de la situation, d’élaboration de perspectives politiques, de choix de stratégie, d’implantations, d’alliances… Qu’on l’appelle parti ou non, c’est un outil pour faire de la politique, pour articuler la lutte contre l’exploitation capitaliste, contre les oppressions patriarcales, coloniales et racistes, contre le productivisme écocide. Un outil démocratique, avec des règles, des droits et des garanties pour débattre, décider et agir ensemble. Le NPA a une culture organisationnelle issue d’une longue histoire, avec décision à la majorité, droit de tendance, de fractions, pour le meilleur et pour le pire… Nous voulons la confronter à d’autres histoires, à d’autres cultures militantes pour inventer ensemble un fonctionnement à la fois ­émancipateur et efficace.

Aucune organisation vivante n’existe comme une île isolée. À gauche l’espace politique est occupé par la Nupes, elle-même dominée par La France insoumise, la question des relations avec la Nupes est donc forcément posée. Le NPA a participé à de nombreuses réunions publiques unitaires avec la Nupes en soutien à la mobilisation contre la réforme des retraites. Dans beaucoup de villes, nous nous côtoyons dans des collectifs unitaires… Mais la Nupes est avant tout une alliance électorale, et ce dont nous avons besoin c’est de cadres pour combattre l’extrême droite et la politique de Macron, des cadres à la base, dans les lieux de vie et de travail unissant toutes les forces qu’elles soient politiques, syndicales ou du mouvement social. Ces cadres sont à construire. Nous pensons aussi qu’il y a besoin d’une force indépendante, qui défende une rupture révolutionnaire, c’est pour cela que nous nous engageons dans ce processus de construction d’une alternative politique.

Comment cette première discussion s’organise-t-elle et quelles sont les perspectives envisagées ?

Ce dimanche 2 juillet, il s’agit en effet d’un premier rendez-vous national. Quelques trop rares rencontres ont eu lieu localement. L’objectif est vraiment d’enclencher un processus de discussions et de pratiques permettant de tester « en marchant » les possibilités d’un outil politique commun.

En une (courte) journée, c’est un défi. Dès cette première rencontre, nous voulons que les différentes expériences et cultures militantes trouvent leur place, à égalité, afin que le processus soit celui de celles et ceux qui s’y engagent. Pour cela, les signataires ont construit un déroulement qui partant de la situation, des mobilisations et luttes, de leur contenu et articulations, débouche sur une boîte à outils pour agir, mener des ­campagnes communes.

Ces campagnes nous sont dictées par les trop nombreuses urgences : contre la répression et l’extrême droite, pour mettre un coup d’arrêt à tous les projets écocides et désarmer les criminels climatiques, contre les profits pour l’échelle mobile des salaires, la réduction massive du temps de travail… Il faudra aussi se donner les moyens de réagir à de nouvelles attaques que le gouvernement ne manquera pas de lancer. Reste à mettre tout ça en musique, à produire du matériel, du contenu... avec la volonté d’être utiles à la mobilisation du plus grand nombre et à l’auto-organisation.

L’autre aspect, mais qui est lié, c’est la construction dans le plus grand nombre de lieux possible, de forums locaux, à l’échelle qui permet le mieux de débattre et d’agir ensemble, de débattre pour agir, mais aussi, en agissant ensemble, d’enrichir nos débats. Sur cette base, nous tiendrons une nouvelle rencontre à l’automne.