Publié le Mercredi 20 juin 2018 à 10h36.

De la révolte étudiante à la grève générale

22 mars

Des étudiants occupent les locaux de la direction de la fac de Nanterre : ils exigent la libération d’un étudiant arrêté et le droit à l’expression politique.

3 mai

« Libérez nos camarades. » Dans L’Humanité, George Marchais dénonce l’« anarchiste allemand » Cohn-Bendit. Meeting de solidarité à la Sorbonne avec les étudiants réprimés de Nanterre. La police intervient et arrête des dizaines d’étudiants. Manifestation et affrontements avec la police.

Semaine du lundi 6 mai

« CRS, SS ! » Le slogan de 1948 (quand le « socialiste » Jules Moch avait fait réprimer la grève des mineurs avec une extrême violence) réapparaît. Manifestations étudiantes, répression policière… et barricades dans le Quartier latin. Le 10 mai, la « nuit des barricades » crée un choc dans tout le pays.

13 mai

De Gaulle est au pouvoir depuis dix ans. Grève générale contre la répression, à l’appel de la CGT, de la CFDT, de FO, de la FEN et de l’UNEF. Manifestations monstres dans tout le pays, aux cris de « Dix ans ça suffit ! »

14, 15, 16 mai…

Sud-Aviation Nantes, Renault Cléon, Flins et Billancourt, SNCF, RATP… Les unes après les autres, de grandes usines et entreprises entrent en grève. Sans aucun appel à la grève générale des syndicats.

20 mai 

La grève est devenue à peu près générale. Dix millions de grévistes.

25-26 mai

Pendant cette fin de semaine, négociations gouvernement-patronat-syndicats au ministère du Travail, rue de Grenelle. Des « avancées », comme une augmentation significative du SMIC et, surtout, des droits étendus pour les organisations syndicales. Mais au regard de l’ampleur de la grève, peu de chose.

27 mai

Georges Séguy, secrétaire général de la CGT, présente les accords de Grenelle aux travailleurs de Billancourt. Il se fait siffler et annonce… que ce ne sont pas des accords mais un « constat » et que « rien n’est signé ». Dans la foulée la CGT appelle les travailleurs à lutter entreprise par entreprise pour obtenir des négociations locales… Malgré ces manœuvres de dispersion et de dilution, la grève tiendra trois semaines.

Le même jour, meeting au stade Charléty. Il est organisé par l’UNEF, avec le soutien du PSU, de la CFDT, de la FEN… Des dizaines de milliers de jeunes (et moins jeunes), étudiants et travailleurs. Les orateurs se succèdent. Sans perspectives politiques. Le regroupement des révolutionnaires (dont certains ne participent pas à Charléty) donne lieu à diverses réunions mais n’aboutira pas.

28 mai 

Mitterrand annonce sa candidature à une élection présidentielle qui n’est pas programmée. Le PCF revendique un « gouvernement populaire et d’union démocratique à participation communiste ».

29 mai

De Gaulle a disparu... Il est à Baden-Baden, en Allemagne, et discute avec le général Massu au milieu des chars.

30 mai

De Gaulle réapparaît. Il annonce… qu’il reste, la dissolution de l’Assemblée et des élections législatives anticipées. Dans la foulée, grande manifestation de la droite aux Champs-Elysées. Le PCF annonce qu’il participera aux élections.

10 et 11 juin

Affrontements à Flins et à Sochaux. Trois morts.

12 juin

Dissolution des organisations révolutionnaires et du Mouvement du 22 mars.

23 et 30 juin

Elections législatives : large victoire de la droite.

Et alors ?

« Ce n’est qu’un début. Le combat continue. »

 

Yann Cézard