Publié le Mercredi 27 mars 2024 à 12h00.

Le 30 mars, le 93 se soulève pour défendre l’école publique

La 4e semaine de mobilisation a montré que la durée n’entame pas la détermination ni des enseignantEs ni des familles. Si le gouvernement ne donne aucun signe tangible de sa volonté de prendre en compte les questions désormais posées à l’échelle nationale d’un plan d’urgence pour le 93, le mouvement lui s’ancre.

 

Ce qui sous-tend cette mobilisation, c’est le refus de la discrimination imposée à la population du département le plus jeune et le plus pauvre. Et son expression s’élargit.

La reconduction de la grève

À l’appel de l’assemblée générale des grévistes, la grève a été reconduite après le 19 mars. Elle a été suivie par 40 % des enseignantEs du second degré (chiffres du SNES 93), avec une nouvelle journée de manifestation en direction de Matignon jeudi 21 mars. Et, la grève s’est poursuivie avec des variations selon les jours : moins forte le mercredi, journée non travaillée dans le premier degré dans le département et partiellement dans les collèges. Une opération banderoles, coordonnée avec la FCPE, sur les ponts du périphérique desservant le 93 a permis une visibilité à la fois par les usagerEs du périphérique, qui ont été nombreux à klaxonner leur soutien, et sur les réseaux sociaux. Le jeudi, le taux de grévistes était proche du mardi, de nouvelles écoles étaient fermées, et ce sont 3 000 grévistes qui ont manifesté de Châtelet vers Matignon.

Contre les discriminations visant particulièrement les populations du 93

Jeudi a été également une journée forte de dénonciation et de solidarité. L’assemblée générale qui a suivi la manifestation a voté une motion revendiquant l’abrogation de la circulaire contre le port de l’abaya et du qamis, mesures islamophobes et racistes qui frappent nos élèves sur la base de leurs origine et religion supposées.

De même que la revendication d’abrogation de la loi Darmanin pose le droit à l’éducation pour toutEs nos élèves quelle que soit leur situation administrative. Il est important d’affirmer que cette circulaire est un obstacle supplémentaire dans la scolarité des enfants soupçonnéEs d’être étrangerEs, voire une menace sur leur lieu de vie et d’étude.

Ces discriminations sont contradictoires avec la confiance en soi et le sentiment d’appartenance à une collectivité indispensables pour les apprentissages.

Justice et vérité

Jeudi après-midi, de nombreux enseignantEs ont marché parmi les milliers de personnes qui, de La Courneuve à Aubervilliers, réclamaient « Justice et vérité » pour Wanys et Ibrahim, tué et blessé gravement par la police qui a percuté leur moto dans une course-poursuite déclenchée par un refus d’obtempérer.

Pour les enseignantEs, il s’agissait bien sûr d’exprimer une solidarité avec les familles de leurs élèves, mais iels ont aussi conscience que ces deux jeunes ne sont pas les premières, et ne seront pas les dernières, victimes, si on ne pose pas les problèmes du racisme systémique de la police qui bénéficie d’une véritable impunité sur les violences exercées quotidiennement contre les jeunes des quartiers du 93.

Enfin dimanche 25 mars après-midi, plusieurs milliers de parents se sont retrouvéEs devant la préfecture de Bobigny en présence de nombreuxEs éluEs pour affirmer qu’iels reprennent à leurs compte les revendications du plan d’urgence et d’abrogation du décret concernant le « choc des savoirs », en particulier les groupes de niveaux.

En l’absence de réponse du gouvernement, la volonté d’augmenter le niveau de mobilisation est là : journée de grève et manifestation vendredi 29 à Bercy et manifestations coordonnées dans de nombreuses villes du département samedi 30 mars. La lutte continue !

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