Publié le Mardi 2 avril 2024 à 18h00.

Amiens : Avec METEX, le retour de Whirlpool ?

Lundi 25 mars, à l’initiative de l’intersyndicale FO, CFDT, CGC un rassemblement de 500 personnes s’est tenu devant l’usine METEX d’Amiens placée en redressement judiciaire depuis peu.

L’arc politique de feue la NUPES était présent avec François Ruffin en chef d’orchestre (en lien avec les ouvriers de la boîte) et le directeur local de METEX. La revendication principale est la lutte contre le dumping exercé par la Chine. METEX, qui produit un acide aminé impacté fortement par la hausse du prix de l’énergie et du sucre, se retrouve concurrencé par les entreprises chinoises livrant un produit moins cher. Cette situation viendrait donc légitimer, pour François Ruffin et les autres, la revendication d’un nécessaire protectionnisme. En pleine campagne des européennes !

Peur des licenciements

La peur d’un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) et d’un nouveau Whirlpool ou Goodyear, qui viendrait aggraver la situation dans la Somme, est dans toutes les têtes. Si la question de la hausse du prix du sucre et de l’énergie est réelle, elle n’est pourtant pas le seul facteur à la crise chez METEX.

En rachetant le site au groupe Ajinomoto en 2021, METEX — né sur le modèle start up —s’achète un outil de production et explose ses effectifs. La direction cherche dès le début à faire des économies : changement de convention collective, volonté de supprimer le contrôle qualité localement, fin des usages. En parallèle, la boîte est financièrement tirée par l’État entre l’activité partielle, prêt garanti par l’État, prêt de BPI et actionnariat BPI. METEX a sans doute rêvé trop grand : sans les capacités financières pour assurer la gestion en pleine crise de l’énergie et du sucre. Crise qui ne nuit pas à tout le monde ! Les groupes sucriers sont ravis de la hausse des coûts : Tereos annonçait en février des résultats historiques, et Cristal Union, des résultats en forte progression permettant de rémunérer à la hausse ses coopérateurs.

Non à la politique d’accompagnement étatique des capitalistes

Dans cette situation les travailleurEs risquent de se trouver pris entre une direction louvoyant pour rejeter la faute sur l’État et le marché, et un pouvoir politique qui ne remett évidemment pas en cause le marché et est parti lui sur la négociation de contrats pluri-annuels avec les sucriers, ce qui reste loin même d’une limitation des importations. La stratégie actuelle de la direction de METEX semble être celle d’un chantage à l’emploi « intelligent », en ne le formalisant jamais, mais en posant indirectement le fait.

L’enjeu de la mobilisation à construire est de se dégager du piège interclassiste, de dénoncer la politique d’accompagnement étatique des capitalistes qui veulent licencier à peu de frais comme cela a été le cas avec Whirlpool, et de construire un projet compatible avec l’urgence climatique. Tout en dégageant le RN comme cela a été fait le 25 mars.

Du pain sur la planche mais dans la ZI Nord ! Mais les travailleurEs sont têtus et la population locale marquée par les PSE de ces dernières années a un rôle à jouer dans la nécessaire solidarité. La mobilisation pour les retraites de l’an dernier et la manifestation emblématique jusqu’à la zone peut aussi être un point d’appui en remobilisant le souvenir d’une lutte massive.

Correspondant