Publié le Mercredi 8 juillet 2009 à 10h19.

Radio France Internationale: contre l'État licencieur !

Avec neuf semaines de grève, le mouvement de Radio France Internationale est le plus long dans l'audiovisuel depuis 1968. 

 

 

Les travailleurs de RFI luttent contre un plan de restructuration qui prévoit 206 licenciements (sur le millier de salariés que compte RFI), mais aussi et surtout contre le démantèlement à brève échéance de leur station, avec notamment la fermeture de six rédactions de langues étrangères.

La combativité des salariés de RFI n’a d’égale que l’arrogance d’une direction qui s’appuie sur des arguments financiers, dont l’intersyndicale FO, SNJ, SNJ-CGT et SNRT-CGT de RFI - majoritaire au comité d’entreprise (CE) - a montré qu’ils ne valaient rien (ce qu’un cabinet d’experts-comptables, missionné par le CE, a d’ailleurs confirmé).

Malgré une grève qui bloque jusqu’à 85% de l’antenne, la direction refuse toujours de négocier les revendications portées par le mouvement de grève, allant jusqu’à refuser la nomination d’un médiateur, réclamée depuis six semaines par les salariés de RFI. Ceux-ci ont pourtant raison de rappeler qu’en l’espèce, c’est l’État qui licencie, le même qui donne des milliards aux banques et aux multinationales et prétend que les caisses sont vides dès lors qu’il s’agit des services publics, des emplois et des salaires.

Ce plan de licenciements s’inscrit dans l’ensemble des attaques dont est victime le service public d’information (et, plus largement, l’ensemble des services publics, de La Poste à la santé, en passant par l’éducation nationale). Rappelons simplement que France Télévisions vient d’annoncer 900 licenciements étalés sur trois ans, que l’UMP fait planer depuis près de deux ans la menace d’une privatisation de l’Agence France-Presse (AFP), et que le président de la République a, depuis mars dernier, la possibilité de nommer directement le président de France Télévisions et de Radio France.

Enfin, cette attaque en règle contre RFI a beaucoup à voir avec la création de la holding Audiovisuel extérieur de la France (AEF), dans le cadre de la loi de « modernisation de l’audiovisuel public », dont RFI est l’une des principales filiales (avec France 24 et TV5 Monde). Christine Ockrent a été nommée directrice générale de l’AEF en février, la tutelle étant assurée par son mari, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères. Les syndicats de journalistes et les salariés de RFI avaient protesté, à juste titre, contre un mélange des genres qui en dit long sur la volonté de la classe dirigeante de renforcer son contrôle sur les médias.

Le NPA s’élève contre toute ingérence et toute reprise en main de RFI par l’État français, ce que l’ampleur du traitement accordé à la mort d’Omar Bongo laisse craindre. Comme l’a noté l’intersyndicale : « Après avoir refusé pendant des décennies d*fêtre la voix de la France, acceptons-nous d*fêtre aujourd*fhui la voix de la Françafrique ? Qu*favons-nous enterré ce mardi [16 juin] ? Omar Bongo, ou l*fambition d*fune radio généraliste et universaliste qui parle au monde de la France et du monde ? »

Outre une manifestation le mardi 16 juin, en direction de l’Élysée (avec d’ailleurs d’autres salariés de l’audiovisuel public), les travailleurs de RFI ont créé, le mercredi 24 juin, de 12h à 19h, « la première radio de salariés en lutte », une radio « éphémère et autonome », donnant la parole aux grévistes. Cette résistance exemplaire est une très bonne nouvelle et le NPA la soutient pleinement.

Léo Carvalho