Publié le Mercredi 27 mars 2024 à 10h06.

De la création de l’Otan à la chute du mur : une coalition anticommuniste

En 1945, la préoccupation des capitalistes est la révolution en Chine1, en Yougoslavie et l’avancée de l’URSS de Staline prête à avoir la bombe atomique, qui a annexé les trois États baltes, une partie de la Pologne et de la Finlande, Kaliningrad, et organisé un glacis protecteur avec l’Allemagne de l’Est, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la Bulgarie.

 

La guerre froide commence dès 1947, le plan Marshall, programme US de reconstruction de l’Europe, veut placer l’Europe de l’Ouest du bon côté, face au « défi sans cesse plus arrogant d’un communisme international soutenu par la puissance soviétique »2.

L’Otan est une alliance militaire dans laquelle les signataires « conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre tous »3. Face à l’URSS, c’est l’instrument militaire de l’affrontement politique, doublé d’activités clandestines, d’opérations de subversion, alors que les USA ont une supériorité nucléaire et un leadership incontesté dans le monde capitaliste. Jusqu’à la crise des missiles de 19624, le complexe militaro­-industriel US fournit plus de 75 % des armements.

Limitation des armes nucléaires

À la fin des années 1950, à la guerre froide succède la coexistence pacifique entre l’Otan et l’URSS, avec un début de discussion sur la limitation des armes nucléaires qui se sont diversifiées et relativisent la géographie dans les choix stratégiques. L’essor économique de l’Europe en fait une concurrente des USA. La décolonisation fait émerger les pays « non alignés » parmi lesquels l’Inde, l’Indonésie, Cuba, la Yougoslavie qui vont constituer, de la conférence de Bandung en 1955 à celle d’Alger en 1972, un groupe avec lequel il faut compter.

La France est membre fondatrice de l’Otan, dont le siège est à Paris, avec nombre de bases US dans le pays, en échange d’une aide militaire et budgétaire pour mener la sale guerre d’Indochine. La victoire vietnamienne de Diên Biên Phu en 1954 et le début de la guerre de libération algérienne relativisent la force de l’impérialisme français. Les USA s’opposent à l’expédition coloniale franco-britannico­-israélienne en Égypte en 1956 contre la nationalisation du canal de Suez.

Retrait de la France de l’Otan

Le régime gaulliste organise alors en 1966 un retrait de l’organisation militaire de l’Otan, fait évacuer toutes les installations, purge les cadres de l’armée et construit une force de « dissuasion » nucléaire (bombe A en 1960). Ce tournant reçoit évidemment l’appui de l’URSS krouchtchévienne et donc du PCF, et le régime en tirera bénéfice en 1968. La réintégration dans le commandement militaire de l’Otan, poursuivie par tous les gouvernements depuis 1995, est effective en 2009.

La course aux armements continue durant les années 1970. En 1982, selon l’Otan, il y a 4 700 armes nucléaires en Europe, dont 2 700 pour les soviétiques, qui ont deux fois plus d’avions, trois fois plus de chars… chiffres discutables mais donnant une idée de la situation lors de ­l’effondrement du bloc­soviétique.

  • 1. La République populaire sera proclamée en 1949.
  • 2. Communiqué Otan 16 décembre 1957.
  • 3. Article 5 du traité de l’Otan.
  • 4. Face à l’envoi de missiles soviétiques à Cuba, de soldats et sous-marins, les États Unis envisagent de riposter, jusqu’au recul des soviétiques en échange du retrait des missiles US de Turquie et d’Italie et l’engagement US de ne pas envahir Cuba.