Publié le Lundi 11 décembre 2023 à 17h00.

Avant que les flammes ne s’éteignent, de Mehdi Fikri

Film français, 2023, durée 1 h 38 min.

Ce film a beaucoup fait parler de lui le jour de sa sortie le 15 novembre. Cela s’est passé sur les réseaux sociaux et plus précisément par les réseaux d’extrême droite, et même sans doute un peu aussi de la police, tant ces milieux sont mêlés.

Le film a subi une grosse attaque organisée avec une série de critiques et de notations négatives, histoire de lui faire manquer son lancement. Il suffisait de parler du film en bien pour recevoir une floppée d’agressions verbales et d’insultes, un véritable « attrape-fachos ». Intéressant mais pas drôle tant il s’agissait de propos racistes, dénigrants, violents… illustrant toute l’ambiance réactionnaire du moment, avec des paroles complètement et caricaturalement décomplexée.

Vérité et justice face aux meurtres de la police

Alors oui, le film de Mehdi Fikri, ancien journaliste, notamment au journal l’Humanité, a de quoi énerver très justement les bandes de fachos, de nazillons, de racistes qui ont pris l’habitude de brailler leur haine gratuite des Arabes et des NoirEs notamment. Il s’agit d’une fiction qui part de plusieurs faits réels, des faits de violences policières, de meurtres policiers contre des jeunes de quartiers populaires. L’histoire part de la mort d’un jeune, dans des conditions pas claires – la police semble y avoir une part de responsabilité.

C’est à partir de là, le combat de la famille et des proches du jeune, pour la vérité et la justice. Face au drame, face aux violences et aux mépris multiples de la société, la difficulté c’est de relever la tête, refuser de se résigner malgré le sentiment d’impuissance, c’est oser se révolter, c’est trouver la confiance qui permet de se défendre, ensemble, grâce aux gens tout autour, dans le quartier. C’est la sœur du jeune qui mène la bataille et entraîne derrière elle, on pense à Assa, sœur d’Adama Traoré, à toutes ces sœurs qui luttent pour leurs frères tués. Normal, Mehdi leur rend hommage, à toutes, à toutes ces familles, à tous ces jeunes et moins jeunes qui souffrent dans les quartiers populaires.

Le racisme vu par les oppriméEs

On pense à Zyed et Bouna, tués en 2005, et aux émeutes qui ont suivi à Clichy-sous-Bois, on pense aussi bien sûr aux dernières émeutes dans les quartiers en juin-juillet derniers, à ces révoltes de la jeunesse, si légitimes. Le film tombe bien parce que la police tue beaucoup, parce que la répression contre les milieux populaires surexploités, ne datent pas d’hier mais restent d’une terrible actualité. Ce qui compte, c’est d’en parler, pas comme les chaînes d’information avec la vision des pouvoirs et des dominants. Non, il faut en parler du point de vue des oppriméEs, des victimes.

Le film de Mehdi permet de rendre visible la souffrance, le mépris, le racisme institutionnel, le racisme de la société, les discriminations et l’oppression quotidienne. Il raconte surtout le courage, la détermination, la colère, la volonté de ne pas subir, la perspective d’en découdre. En montrant tout cela, il permet d’en discuter et de réfléchir sur les solidarités nécessaires, sur les combats politiques à mener avec les jeunes et les moins jeunes de ces quartiers.